Une haine viscérale, dont les racines remontent à l’enfance, oppose Roger Leroy, garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, à son demi-frère, Nicolas Lempereur, rock star aux idées larges. Leur querelle prend un tour inédit, lorsque, à peine Roger vient-il de faire rétablir la peine de mort grâce à l’indignation provoquée par la récidive d’un tueur pédophile, Nicolas est accusé du meurtre d’une jeune femme.
Quarante ans après son abolition en France, la peine de mort et la question de son rétablissement continuent de peser dans les sondages et les déclarations
de certains politiques. Céline Lapertot prend ici le contre-pied, dans un vibrant plaidoyer alignant scènes fortes, phrases percutantes et moments d’émotion : si, dans sa peur et sa colère, la foule trouve en la mort du criminel une vengeance et un apaisement à son angoisse, la peine capitale n’a jamais fait baisser la criminalité, juste rendu irréversibles les erreurs judiciaires.
Mais, si cette histoire fait froid dans le dos, ce n’est certainement pas seulement pour les exécutions auxquelles elle nous fait assister, rendant l’acte concret pour que chacun en mesure bien toute la réalité. C’est aussi largement pour ce qu’elle pointe des actuelles dérives sociétales qui permettent aux populistes de prétendre s’imposer. Roger, mégalomane puisant l’essentiel de ses motivations dans ses failles et rancunes personnelles, n’est entouré que du cynisme et de l’arrivisme de ses conseillers. Ayant trouvé, dans le rétablissement de la peine de mort, l’opportunité commode de sortir du lot, mais aussi un exutoire à la colère qui l’étouffe depuis l’enfance, il fait feu de tout bois sans la moindre vergogne, surfant sur l’émotivité de l’opinion et l’emballement des réseaux sociaux. Son entêtement n’a d’égal que son aveuglement, et aucune considération, fut-ce la vie de son propre frère, ne lui rend jamais le moindre discernement : un comportement et une absence de garde-fous dont, bien au-delà de l’exemple ici de la peine de mort, on imagine aisément le danger quand ils mettent en jeu la conduite d’un pays.
Ce livre choc qui n’a pas peur des mots, fussent-ils triviaux, dénonce un bien peu reluisant échiquier politique et médiatique. Balayant les autres pièces (nommées King, Királynö ou reine en hongrois, Maréchal...) grâce à une opinion publique dont les réseaux sociaux favorisent les jugements hâtifs et la manipulation par l’émotion, émergent des Leroy, qui, emportés par leur arrivisme et leurs névroses, n’hésitent pas à brandir n’importe quel argument populiste pour devenir calife à la place de Lempereur. Accablant.
Un bien peu reluisant échiquier politique et médiatique
Une haine viscérale, dont les racines remontent à l’enfance, oppose Roger Leroy, garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, à son demi-frère, Nicolas Lempereur, rock star aux idées larges. Leur querelle prend un tour inédit, lorsque, à peine Roger vient-il de faire rétablir la peine de mort grâce à l’indignation provoquée par la récidive d’un tueur pédophile, Nicolas est accusé du meurtre d’une jeune femme.
Quarante ans après son abolition en France, la peine de mort et la question de son rétablissement continuent de peser dans les sondages et les déclarations de certains politiques. Céline Lapertot prend ici le contre-pied, dans un vibrant plaidoyer alignant scènes fortes, phrases percutantes et moments d’émotion : si, dans sa peur et sa colère, la foule trouve en la mort du criminel une vengeance et un apaisement à son angoisse, la peine capitale n’a jamais fait baisser la criminalité, juste rendu irréversibles les erreurs judiciaires.
Mais, si cette histoire fait froid dans le dos, ce n’est certainement pas seulement pour les exécutions auxquelles elle nous fait assister, rendant l’acte concret pour que chacun en mesure bien toute la réalité. C’est aussi largement pour ce qu’elle pointe des actuelles dérives sociétales qui permettent aux populistes de prétendre s’imposer. Roger, mégalomane puisant l’essentiel de ses motivations dans ses failles et rancunes personnelles, n’est entouré que du cynisme et de l’arrivisme de ses conseillers. Ayant trouvé, dans le rétablissement de la peine de mort, l’opportunité commode de sortir du lot, mais aussi un exutoire à la colère qui l’étouffe depuis l’enfance, il fait feu de tout bois sans la moindre vergogne, surfant sur l’émotivité de l’opinion et l’emballement des réseaux sociaux. Son entêtement n’a d’égal que son aveuglement, et aucune considération, fut-ce la vie de son propre frère, ne lui rend jamais le moindre discernement : un comportement et une absence de garde-fous dont, bien au-delà de l’exemple ici de la peine de mort, on imagine aisément le danger quand ils mettent en jeu la conduite d’un pays.
Ce livre choc qui n’a pas peur des mots, fussent-ils triviaux, dénonce un bien peu reluisant échiquier politique et médiatique. Balayant les autres pièces (nommées King, Királynö ou reine en hongrois, Maréchal...) grâce à une opinion publique dont les réseaux sociaux favorisent les jugements hâtifs et la manipulation par l’émotion, émergent des Leroy, qui, emportés par leur arrivisme et leurs névroses, n’hésitent pas à brandir n’importe quel argument populiste pour devenir calife à la place de Lempereur. Accablant.