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Il faut bien s'y faire : ce qu'on
expérimente avec l'édition numérique, c'est comment tous les
critères changent.
Non pas reproduire sur Internet la façon dont s'éditait le
livre, mais se saisir de l'outil pour scruter de plus près
l'écriture. Et, forcément, comment elle raconte le monde.
Mahigan Lepage est de l'extrême est du Québec, son prénom n'est
pas étymologiquement de la langue que nous avons en partage.
L'an
dernier, il est venu en France pour un séjour long. Nous avons
souvent échangé sur la spécificité de notre rapport au temps, à la
mémoire ou l'histoire, à l'espace, et au statut de la langue qui
nous sert à dire, à penser. Lit-on de la même façon, lui et moi,
les livres de littérature qui nous servent de référence, et pour
lesquels l'amour est le même ? Ou lit-on si différemment les
grands bousculeurs modernes, et notamment les Américains comme
William Faulkner ?
J'avais pris l'habitude de demander à Mahigan des nouvelles de
ses études, mais est-ce que les études lettres ne devraient pas
pour tout le monde conduire à ce qui les nie, c'est-à-dire la
pratique même de la littérature ?
Dans le bousculement ou l'instabilité que devenait le séjour en
vieille Europe (cette génération-là sait utiliser les billets
d'avion qui coûte moins cher que moi mon train pour Paris, j'ai vu
Mahigan revenir de Berlin, de Barcelone, d'Italie), c'est à un
travail de littérature que s'est attelé Mahigan.
Et dans le cours
de ce travail, qu'il a décidé brutalement de résoudre cette
opposition entre l'Amérique et l'Europe en partant un mois au
Népal.
C'est juste donc du contexte, que je parle. Les notes de ce
carnet, contrairement à ce qui serait la démarche de l'édition
traditionnelle (mais chez moi, j'ai plusieurs tomes de cette
collection Le tour du monde, dans les années 1860-1880, qui
publiait, à raison de 2 volumes par an, les récits d'expédition de
l'autre côté du monde, les traversées d'Australie, les cheminements
vers l'Afrique, les marches vers le grand Nord : il y a même
fort à parier que, si Jules Verne nous embarque si fort, c'est
qu'exprès il se démarquait très peu de ces récits, à nous
invérifiables...), ces notes les voici donc toutes fraîches :
texte communiqué après mise au propre au retour, lecture et
correction par Sarah Cillaire, et j'y insère quatre photos prises
par Mahigan lui-même.
Ce qui importe : voilà des notes qui, bien sûr (depuisEcuador de Michaux, comment faire autrement ?)
concernent d'abord le regard et l'écriture, la posture même
d'écrire, et son geste.
Ce qu'elle interroge, et comment elle
l'interroge. Mais les questions de temps et d'espace, ici, sont
d'une autre référence que la nôtre : il s'agit d'un natif de
l'autre côté de la mer, et ce que nous lisons de sa perception de
l'Asie, pour le temps, pour l'espace, pour la langue, nous met en
mouvement vers ce qui nous rejoint et nous sépare.
Souplesse de l'outil numérique : voilà ces notes en
circulation, quelques semaines après leur rédaction.
C'est le premier texte, sur publie.net, d'un Québecois.
Qu'on se
le dise : c'est un début j'espère...
Et pour Mahigan Lepage, d'accord ou pas avec ses options
littéraires (quelques débats ouverts !), rendez-vous pris pour
le manuscrit en cours.
FB (Lien -> http://www.tierslivre.net)