Ce livre, je ne l’ai pas cherché. C’est ma mère qui me l’a prêté après l’avoir acheté, car comme moi elle suit avec plaisir les aventures du commissaire Erlendur. J’avais des doutes, je me demandais ce que cela pouvait donner : un auteur qu’on apprécie dans un style donné, c’est toujours dangereux de s’aventurer avec lui sur d’autres chemins. Ici, ce n’est plus du polar, c’est du roman noir.
Alors, certes, la trame est somme toute assez classique, les ficelles sont bien huilées et connues des amateurs du genre. Mais l’auteur les maîtrise néanmoins, ainsi que
l’art de retenir son lecteur en haleine, par quelques tours de passe-passe. Je pense notamment à celui qui survient au milieu de l’histoire (spoiler : lorsque j’ai découvert que, contrairement à ce que je croyais depuis le début, le narrateur n’était pas un homme mais une femme) et où, je n’ai absolument rien vu venir. J’ai repassé rapidement la moitié déjà lue pour savoir comment j’avais pu ne pas le voir. Un peu comme pour le film 6e sens où un second visionnage vous montre qu’effectivement, comme un bleu, vous n’avez pas remarqué que le personnage de Bruce Willis ne parle qu’à l’enfant. C’est à ce genre de rebondissement que le lecteur fait face ici, permettant également de relancer son intérêt. Ce rebondissement est en fait assez accessoire dans l’histoire elle-même, il ne change rien à la situation et ne fait que modifier la perception du lecteur. Mais c’est une étape clé dans la lecture car tout va s’accélérer à partir de là. Le personnage principal va prendre conscience de la situation et tout décrypter.
Tout est basé sur le monologue de ce personnage principal justement, enfermé de façon préventive pendant que les enquêteurs mènent leurs interrogatoires, que les psychiatres et psychologues l’analysent, que l’avocat vient faire état de l’avancement de l’affaire. On se doute rapidement, d’autant que rien n’est caché dans la quatrième de couverture, qu’il y a eu meurtre et de qui est la victime. Sauf que de victime, il n’y en a peut-être pas qu’une. Grâce à ce monologue, nous allons reconstruire le fil des événements qui ont mené à ce meurtre.
Certains ont trouvé ce roman moins bon. Ce n’est en fait pas le même genre. Pour le reste, c’est un roman efficace et qui se dévore. Seul petite déception peut-être ? Je n’ai pas ressenti de spécificité islandaise, pas de vent froid ou de lande gelée. Mais cela reste vraiment anecdotique.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2012/12/betty-arnaldur-indridason.html
Betty, femme fatale
Betty est sulfureuse, envoûtante et électrisante... Mais Betty est surtout dangereuse et, si vous tombez dans sa spirale infernale, votre vie volera en éclats...
Une écriture à la première personne qui vous entraîne inexorablement au plus profond de l'âme tourmentée de notre narrateur qui, touché par Betty, ne pourra plus jamais s'en défaire.