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Je ne le regrette pas, je ne le regrette plus. Pourtant, nous avons été bannis de la société, de notre société, si injustement. Les mots suffisent à peine à traduire notre souffrance, notre combat contre la différence, l'indifférence. Nous ne pouvions pas avoir d'enfants. Et alors ! Notre douleur laissait les autres insensibles, au mieux impuissants. Ils ne nous comprenaient pas. Le pouvaient-ils ? Mais je ne le regrette pas, je ne le regrette plus.
Nous avons tant gagné en retour... A la maison, nous sommes cinq. Papa, maman, et trois petits koalas. Nos enfants du bout du monde. Nos enfants. En allant vers eux, nous avons tant appris de nous, des autres, du meilleur des autres. En allant vers eux, nous avons rencontré une autre culture, si étrange, tellement humaine. En allant vers eux, nous avons été adoptés par leurs familles. Nous sommes devenus les leurs, nous sommes devenus les parents fa'a'mu de leurs enfants.
C'est désormais notre place dans cette société si différente, la société polynésienne. Car l'adoption fa'a'mu n'est pas une adoption ordinaire. C'est une adoption sans abandon, c'est un don sans rupture d'amour... Alors non, je ne regrette rien.