« Son nom de guerre est Douch. Nous étions tous impurs et nous l’avons payé. »
« La mémoire est un repère. Ce que je cherche, c’est la compréhension de la nature de ce crime et non le culte de la mémoire. »
Je tiens avant tout à préciser que ce que je vais formuler à propos de ce livre ne concerne en rien les propos, mais la forme, et les sensations qui ont été les miennes lorsque je l’ai lu. Les massacres perpétrés au Cambodge sont une abomination, comme l’ont été tous les génocides. Seulement, il y a certaines manière de les dire, qui ne génèrent en moi ni émotions,
ni les révoltes légitimes.
Rithy Panh, cinéaste, mêle ici ses souvenirs, atroces, de cette période, et la confrontation qu’il a eue avec Douch, le grand ordonnateur de tout cela. C’est le point de vue du bourreau qui a davantage retenu mon attention, mais, avec le regret d’un grand désordre, d’un manque de clarté. Le livre se déroule d’un seul tenant : pas de chapitres, pas de parties, une sorte de magma dans lequel la mémoire du cinéaste se confond avec travail de recherche avec Douch. Cela m’a quelque peu gênée.
En ce qui concerne le contenu, je n’ai pas été surprise. Pour avoir lu Le portail, et Le silence du bourreau de François Bizot, et en avoir conservé un souvenir intact, et pour avoir lu Une odyssée cambodgienne de Haing Ngor et en avoir été profondément touchée, je n’ai malheureusement pas été conquise par L’élimination. L’ouvrage n’a pas les qualités littéraires de ceux de François Bizot, ni a force émotionnelle de celui de Haing Ngor. Je l’ai traversé sans passion sans pincement à l’estomac ; je l’ai lu détachée, en attendant vainement ce petit quelque chose qui allait me surprendre, me tenir.
La comparaison avec Si c’est un homme, et La nuit, me parait quelque peu disproportionnée. Ces deux ouvrages m’avaient marquée infiniment plus.
Ceci étant dit, je suis curieuse de découvrir les œuvres cinégraphiques de Rithy Panh
Rithy Panh est un survivant. En 1975, le Cambodge tombe sous le régime khmer. Rithy Panh a 13 ans et il va tout perdre, sa famille, son statut d'être humain, son nom et sa langue. Il raconte sa survie dans le camp S21 où la règle est de tuer pour ne pas être tué.Il se confronte aujourd'hui avec 'Duch' le maître de cet enfer, qu'il tente de comprendre et de ramener à l'humanité.
Un livre poignant, juste, où Rithy Panh érige une stèle de mots à ses frères disparus pour qu'ils puissent enfin reposer dignement.