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On est face à la peinture de Fabien Martinand comme face au désir, on en accepte la force et le mystère ou on renonce. Martinand, lui, ne renonce pas. Il se coltine l'exigence de la pulsion dans ce qu'elle a de plus archaïque et de plus jaillissant. Il la fouille, il l'écorche, il l'aiguise, non pas pour en finir avec elle, mais pour la tenir à vif, sur le fil du rasoir. Et si l'abondance, la pureté de la couleur semblent contredire la fragilité de cet équilibre, c'est qu'il faut aller y regarder de plus près.
Fabien Martinand parle de la couleur comme d'une matière vivante qui a sa propre nécessité. Il n'en devient le maître qu'après en avoir éprouvé la tension. Il y a quelque chose d'ascétique dans sa façon de s'incliner devant l'impériosité de l'organique, d'en laisser surgir la magie ; les démons et les anges. Sans cela la jouissance aurait peu de prix et l'aspect jubilatoire, parfois exubérant, des toiles de Fabien Martinand serait simple artifice.
Mais Martinand ne simplifie pas, il ne veut, ne peut faire l'économie de quoi que ce soit. Ses compositions construisent l'ambiguïté au lieu de la réduire.