La responsabilité cosmique de l'humanité

Laudato si', l'encyclique du pape François sur l'écologie intégrale, interpelle le lecteur en lui proposant d'emblée la vision écologique du Cantique des créatures de François d'Assise. Celle-ci consiste à reconnaître en toute créature sa valeur intrinsèque, qui est sacrement, et à proposer une éthique de la solidarité avec toute la nature, qui est aussi notre prochain, et avec le Dieu-Trinité, lui-même un tissu de relations et modèle de la conversion écologique requise.
L'encyclique réanime la nature que la modernité avait réduite à un décor de la comédie humaine. Elle a été bien reçue, à quelques exceptions près que l'auteur examine. Laudato si' offre un résumé de la théologie oecuménique contemporaine de la création, influencée par des antécédents juifs, protestants et orthodoxes, la théologie de la libération et l'éco-féminisme chrétien. L'encyclique place la préoccupation écologique au centre du message chrétien en assimilant aux plus pauvres la nature dégradée par les humains.
Cette dégradation entraîne des conséquences sociales. C'est pour cela que le pape déclare que son encyclique s'inscrit dans la lignée des encycliques sociales de l'Eglise. Tout en dressant un tableau alarmant de l'état de dégradation de la nature, Laudato si' propose un message éthique urgent, celui du développement durable et des principes éthiques qui le justifient. L'encyclique dénonce le péché de domination par lequel les humains refusent leur statut de créature.
La conversion écologique doit être individuelle et communautaire ; elle éduque au dépassement de l'éthique utilitariste. La pensée de l'encyclique est cohérente avec la doctrine des Conciles Vatican I et Vatican II, l'enseignement des papes depuis Paul VI et la littérature environnementale radicale.