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La rencontre de l'autre constitue l'intersubjectivité. Entre la peur et l'espoir, la représentation et la réalité... de l'autre pourtant, je ne peux me faire qu'une idée. Le danger auquel nous faisons tous face n'est pas l'autre en tant que tel, mais bien l'idée que nous nous en faisons. Le plus grand risque n'est donc pas la rencontre, mais bien l'enfermement de l'altérité dans une idée solipsiste dans laquelle le monde est déjà jugé et autrui, disqualifié a priori.
La xénophobie, la misogynie et la persécution religieuse sous toutes formes, par exemple, se constituent en échec de la rencontre comme refus de faire face à l'altérité. L'éthique telle que définie par le philosophe Emmanuel Lévinas comme privilège donné à l'altérité d'autrui doit interpeler la théologie chrétienne jusque dans sa méthode. Si la révélation christologique se présente pour nous comme un rapport d'Alliance, comment expliquer que le rapport à l'autre, constitutif de l'intersubjectivité, n'a pas été aussi étudié en théologie comme il l'a été dans la philosophie contemporaine ? Mon projet cherche donc à mettre la théologie, particulièrement la théologie trinitaire de Hans Urs von Balthasar,, à l'épreuve de l'éthique lévinassienne : le théologien suisse parvient-il à honorer les exigences éthiques de responsabilité pour l'autre posées à partir d'une conception asymétrique de l'intersubjectivité ? L'intégration d'une telle éthique en théologie ne va pas cependant sans difficulté étant donné qu'elle suppose l'ajournement de l'ontologie occidentale dominante, particulièrement celle sous-jacente à la théologie.
Le fondement trinitaire de l'intersubjectivité, que nous explicitons à partir de la Dramatique divine de Balthasar, permet une sortie de l'unilatéralisme éthique posé par Lévinas comme a priori. Le résultat de ce dialogue prend la forme d'une éthique christologique (amour trinitaire asymétrique) comprise comme porte d'entrée de la théologie.
