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Gustav Philip, comte de Creutz (1731-1785), a 35 ans lorsqu'il
est nommé ambassadeur de Suède en France par le futur
Gustave III de Suède. Il occupera cette fonction pendant dix-
sept ans, se dépensant, et dépensant, sans compter pour mener
à bien sa mission et représenter dignement son roi. Poète
réputé, diplomate habile, honnête homme épris d'art et de
musique, il devient rapidement une personnalité fort
appréciée, une de celles qui "donnent le ton" et que l'on reçoit
partout.
Il fréquente les salons à la mode, connaît fort bien les
philosophes, est très lié avec le cercle de Choiseul et courtise
Madame du Barry, ce qui lui attire l'estime de Louis XV. Il
tient table ouverte en son hôtel de Bonnac, joue aux échecs
avec Marie-Antoinette et c'est lui qui présente le séduisant
Axel von Fersen à la jeune reine. De son ambassade, le comte
de Creutz laisse une correspondance en français aussi
importante en qualité qu'en volume.
Ces lettres, adressées en
premier lieu à Gustave III mais aussi à Cari Fredrik et à Ulric
Scheffer, retracent avec verve et minutie dix-sept an-nées de la
petite et de la grande Histoire, des intrigues de Versailles à la
guerre d'Indépendance américaine. Tout naturellement, la
mission diplomatique de Creutz occupe dans cette
correspondance une place importante, mais aussi la culture et
les moeurs françaises.
Gustave III, francophile passionné,
souhaite être tenu informé de tout ce qui se déroule à la cour
de France, dans les salons et dans la république des Lettres. Si
Creutz dresse des portraits remarquables de la famille royale et
de la Cour, il ne laisse rien non plus ignorer à son roi des
questions protocolaires, des détails parisiens, des caprices de
la mode. Il exécute de même avec zèle les mille et une tâches
que Gustave III lui confie.
Il envoie en Suède des tableaux,
des tapis, des meubles, des gravures, de l'argenterie, des
bijoux, des caisses de vin ou encore les nouveautés littéraires.
Creutz donne ainsi de la culture française et des relations
franco-suédoises une image tout à la fois complexe et vivante.
Sa correspondance fait de lui le témoin irremplaçable de
l'Ancien Régime.