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Pour tenter d’y répondre, notre époque a fait émerger une nouvelle discipline, la victimologie, et des
« professionnels du traumatisme », les victimologues, qui aident les traumatisés à demander
réparation et les encouragent à partager leur expérience. Dans son appellation-même, cette réponse
fait équivaloir traumatisé et victime. Le discours analytique donne une autre perspective.
La psychanalyse suppose toujours un sujet derrière la victime, même s’il semble avoir disparu sous le
trauma.
Plutôt que l’événement lui-même, elle met en évidence ce que le sujet en aura fait, et que
personne d’autre que lui ne saura dire à sa place. Elle invite le sujet à dire le réel qu’il a rencontré,
imprévisible, brutal au point d’être inassimilable, impossible à nommer et à représenter, comme en
témoignent certains patients.
Loin de réduire le sujet à être victime, objet de l’Autre, l’analyse lui permet de cerner son implication
dans sa souffrance qui fait énigme.
Elle restitue alors au sujet sa responsabilité et son désir. Là est le
paradoxe : plus on est capable de porter la charge de son tourment, plus on a de chances de s’en
délester. S’arracher au statut social de victime, faire l’hypothèse de l’inconscient, déchiffrer son
symptôme requiert une forme de courage. Quelque chose de l’événement traumatique résiste toujours
à la symbolisation : le traumatisme constitutif de l’être humain est structurel et comporte une part
insoluble.
L’intensité d’un trauma ne saurait se mesurer par questionnaire anonyme universel.
Sonia Chiriaco montre à partir de cas cliniques que l’expérience subjective est toujours singulière et
illustre comment l’expérience analytique permet à chacun d’inventer la solution qui lui est propre pour
sortir de son impasse.