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Tenu durant près de six décennies (1907-1963), traversé par les questions douloureuses du temps des démesures et de ses frénésies primaires - la guerre, la violence, le cynisme -, et par celles de l'Etat, de la démocratie et de la religion, ce journal philosophique et littéraire frappe par la clarté et la profondeur de vue de son auteur, opposant radical au relativisme, au matérialisme et à l'hédonisme.
Henryk Elzenberg y expose avec courage et constance ses réflexions, explorant parmi les sources les plus vives issues de la haute culture occidentale (Platon, Shaftesbury, Goethe, Flaubert, etc.), en lien avec différentes influences orientales, dont celle de Gandhi. En disciple des Stoïciens, dont il adopta l'idée du renoncement, mais resté hermétique à toute pensée du déclin - ce qui fit sa force devant des dégradations réelles -, Henryk Elzenberg conserva pour principal horizon cette joie de saisir dans la dynamique même de l'esprit les conditions d'un réel enracinement, jusqu'à redéfinir les contours d'une "déclaration des devoirs" - car les valeurs suprêmes obligent - des êtres humains les uns envers les autres.
Il nous laisse de fait nombre de lignes directrices (éthiques, esthétiques) applicables à notre crépuscule. Ne notait-il pas déjà en 1910 : "Il n'est pas de meilleur indicateur de la vitalité d'un individu que son attitude face à la mort."