Le portrait de treize familles turques installées en France et, au sein de chacune d'elles, celui d'une figure centrale, qui décida d'émigrer. Des autoportraits, plutôt, composés de photos
tirées des albums familiaux et de paroles données. Pourtant, bien des Turcs taisent leur histoire intime et familiale, au point, parfois, de l'oublier. Affaire d'éducation, qui enjoint l'effacement de soi derrière le mari, les parents, le lignage, la République laïque, la Nation. Mais sondez les mémoires, et sourdent ces émouvants récits de voyages qui, cahin-caha, ont conduit à Paris, Vesoul ou Quimper des réfugiés politiques, des immigrés " économiques " des amoureuses, des courageux... Issus d'Istanbul, des bords de la mer Noire ou du cœur de l'Anatolie, ces nomades n'ont que l'exil en commun, le sentiment d'être d'ici et de là-bas, de n'être ni d'ici ni de là-bas. En effet, l'immigration turque en France (400 000 âmes, la seconde après celle établie en Allemagne) est plurielle. L'approcher dans son intimité permet d'inverser bien des préjugés sur elle, qui vit avec la société française, la compose aussi, l'enrichit. Également sur la Turquie qui n'est pas aussi monolithique qu'on le dit sur les plans ethnique, religieux et linguistique. Comme la France, laisse entendre Gaye Petek dans sa préface, avant de se demander si les grands peuples ne sont pas ceux qui ont su intégrer tous les apports des autres cultures...
L'association Elele, mot turc signifiant " main dans la main " favorise depuis 194 l'intégration des populations turques en France. Forte d'une douzaine de permanents et ouverte à toutes les familles turques de Paris, d'Ile-de-France et des autres régions, elle exerce des missions de formation, d'information, de médiation et de communication et conduit des actions sociales, pédagogiques, périscolaires et culturelles.