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Parce qu'elle repose sur l'engagement et se construit sur le secret, la Résistance reste à la fois un mystère et un enjeu de polémiques partisanes. Amorcée dès juin 1940, elle parvint à s'unir à l'ombre de la croix de Lorraine, grâce aux patients efforts de Jean Moulin, tout en affirmant son indiscutable pluralisme. Elle resta néanmoins de bout en bout minoritaire, se préoccupa peu du sort des juifs et joua un rôle limité sur le plan militaire.
Son apport politique fut en revanche immense : la Résistance évita à la France les affres de la guerre civile et favorisa, à la Libération, une transition pacifique du pouvoir au profit d'une Résistance regroupée derrière l'altière figure du général de Gaulle. Ce livre aborde sans tabous l'ensemble de ses enjeux, de la formation des premiers réseaux au couronnement de 1944. Il ne dissimule ni les conflits, ni les ambitions qui animèrent les promoteurs de l'armée des ombres, du rôle de la presse clandestine à l'efficacité des réseaux, de la répression allemande aux motifs de l'engagement, des idées politiques de la Résistance à sa mémoire dans la France contemporaine.
Pour la première fois, un ouvrage à la fois complet et accessible, synthétique et vivant, offre une vision globale sur un phénomène majeur qui reste curieusement méconnu malgré le rôle que la Résistance a joué dans l'histoire et la mémoire nationales.
Wieviorka et les Glières
Je dois dire que j'ai été heureusement surpris par l'objectivité d’un historien plutôt engagé.
Auteur d'un site sur les Glières (http://alain.cerri.free.fr), je remarque que, sur ce point, Wieviorka se fonde essentiellement sur la thèse de Claude Barbier, qu’il a dirigée. Ce dernier a récemment multiplié les déclarations à la presse, selon lesquelles, pour résumer, la bataille des Glières est une pure légende née en 1944, qu'il n'y a eu ni bataille ni affrontement et que les maquisards sont montés aux Glières, non pour réceptionner les armes promises par les Anglais, mais pour se cacher !
Ainsi, dans son ouvrage, Olivier Wieviorka reprend-il cette idée en trouvant tout de même curieux que les maquisards aient décidé de se cacher sur un vaste plateau, relève la contradiction, mais l’attribue aux officiers de chasseurs alpins sur place : « Les officiers ne mesurèrent pas que ces deux logiques [se cacher et réceptionner des armes] se contredisaient […] » (cf. pages 347/348 du livre cité) !
Pourtant, il est absolument incontestable que le capitaine Romans-Petit a donné, fin janvier 1944, pour mission au lieutenant Tom Morel, de réceptionner les parachutages promis par les Anglais. En outre, le 31 janvier 1944, ce sont seulement 120 hommes qui montent en colonne organisée sur le plateau. Le 12 mars, arrivent encore 120 hommes de nouveau en colonne, de même que les 80 F.T.P. montés précédemment, et c’est seulement le 18 mars que le bataillon des Glières atteindra son effectif définitif d’environ 450 maquisards qui affronteront les miliciens français et les soldats allemands du 20 au 26 mars 1944.
Sachant que le plateau était encerclé par les forces de l’ordre depuis le 13 février, que les bombardements allemands avaient commencé le 12 mars, annonçant les troupes terrestres, on ne montait pas vraiment aux Glières pour se cacher !