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À découvrir
Claire Jeantet n'a pas encore complété son profil
Ce vieux proverbe portugais conduit le déroulement de ce roman à l'architecture ambitieuse, où s'entrecroisent de multiples personnages à la recherche d'eux-mêmes.
Avant tout, ils cherchent à fuir une vie corrompue et l'ambiance poivrée de Rio de Janeiro. Du jeune des favelas Sidney Pouce-Coupé aux riches héritiers crapuleux Octavio et Luiz Cardero, en passant par la prostituée défraichie Maria Mercedes, ou par la jeune femme souhaitant revenir à Minas Gerais sa terre natale Gabriela, Sébastien Lapaque fait une véritable radiographie de la société brésilienne dans sa diversité
et ses points d'achoppement.
Le fil central de cette farandole est la quête amoureuse et identitaire de Zé. Quitté mystérieusement par sa bien-aimée, il décide de fuir Bélem et de chercher sa trace à Rio, sa ville natale. C'est la Rio à l'ancienne qu'il découvre et qu'il goûte avec plaisir, initié à ses secrets par le carioca farceur et passionné de football qu'est Euclides.
La candeur et l'émerveillement de Zé le rendent attachant. Son regard doux-amer sur la vie recolore les quartiers de Rio. Cependant, ce roman pèche par des tendances livresques - l'évocation de l'Amazonie, d'une coupe de football, de Buenos Aires, de la feijoada de Fernanda, donne lieu à de petites leçons d'histoire. Toutes ces lignes courbes sont quelques peu lassantes.
Ceci ne vous empêche pas de jeter un oeil sur le délicieux livre "Des Tripes et des Lettres", ce sont d'amusantes recettes culinaires et littéraires, coécrit avec le cuisinier Yves Camdeborde et publié aux Editions de l'Epure.
Enfin si vous projetez après cette lecture un voyage au Brésil, procurez-vous "Le Goût de Rio de Janeiro", petite anthologie de textes choisis par Sébastien Lapaque, publiée au Mercure de France.
Après un prologue sur le ton d'un roman policier, un journal à plusieurs voix retrace la vie d'un chef d'orchestre international en déroute, Alexis Kandilis. Avec ses allures de grand prince, il blesse sa profession, et plonge toujours plus avant dans le narcissisme. A la fois Apollon par son exceptionnel talent musical et Dionysos par son caractère excessif, il porte en lui tous les germes propices à la naissance d'une tragédie*.
Elle se déploie avec force dans la première et dernière partie, Metin Arditi entrelaçant avec finesse texte et notes de musique. Tel un maestro, il fait s'élever
des airs en harmonie avec les émotions de son héros - la Force du Destin de Verdi, les Chants des enfants morts de Mahler, Beethoven... Les deux parties centrales souffrent cependant de quelques longueurs.
"Prince d'orchestre" offre une jolie réflexion sur l'art combinatoire et le hasard à travers la composition musicale, le poker et la roulette ! L'inconscient s'invite aussi.
La poésie de l'exergue reste dans la tête telle une ritournelle "La vida es polvo y el destino viento"...
* A la fin de ma lecture, j'ai immédiatement pensé à "La Naissance de la Tragédie de Nietzsche".
Décapant !
On ne voit pas vraiment dans quel sens va l'histoire, mais on se laisse emporter par la puissance qui se dégage de l'écriture.
Touché par le "mal des ardents", imbibé à son insu de LSD, Antoine hallucine, se prend tour à tour pour un saint ou un pervers. Dans sa traversée du purgatoire il croise Lucy Diamond, une toxico-pute-tenancière de sexshop à la botte d'un (ex-)agent de la CIA, Wen Kroy.
Caméléon, l'écriture déconcerte le lecteur : écriture perturbante et hallucinatoire à la Michaux* (cité en exergue) aux accumulations de propositions et aux leitmotiv lancinant ; ton précieux ; rythme proche du slam ; écriture de l'horreur ; logorrhée confuse de Wen Kroy... & par dessus tout une écriture sensuelle, morbide qui permet la transsubstantiation des choses et des êtres.
En bref, c'est spécial mais ça change et ça fait du bien quand on arrive au bout des neuf livres de la sélection ! Le titre est bien plat par rapport au style du livre, ne vous y trompez pas !
* Cela m'a fait penser au recueil de poèmes en prose "Ailleurs", et plus particulièrement au corpus "Au pays de la Magie".