En cours de chargement...
À découvrir
En 2007, Pauline quitte la Provence, sa mère qui l'étouffe de son amour, son amant japonais qui ne sait pas l'aimer, pour rejoindre une amie au Japon. Au même moment, à Tokyo, Kizuki rencontre Midori, une ancienne geisha, entretenue par un homme politique riche et vieux. Leur amour est immédiat, ils s'offrent une escapade enchanteresse près du Mont Fuji. Pourtant, le jeune critique gastronomique, amoureux mais indécis, ne saura garder la belle geisha. Ses trois personnages, et d'autres, vont se croiser au gré des hasards de la vie dans un Japon magnifique et fascinant.
Un roman japonais
pour une auteure française dont on sent tout l'amour pour le Pays du soleil levant, ses traditions, sa culture. Des destins croisés de Pauline, Kizuki et Midori, nous découvrons les fils qui viennent s'entrelacer autour de thèmes universels : l'amour, le deuil, la maternité. Et c'est tout le Japon qui nous est offert, modernes et bouillonnants, sereins et contemplatifs, terre de contrastes où les salarymen négocient de gros contrats et ne prennent que quelques jours de congé par an pendant que les geishas vivent au rythme lent des bonzaïs qu'elles font pousser. On suit avec plaisir les tribulations de ces personnages tourmentés mais attachants et pleins de vie, guidés en cela par l'écriture poétique de Brigitte LASCOMBE. Un roman envoûtant comme le Japon.
Au centre de Tokyo, la gare d'Ikebukuro, sortie Est. Une ville dans la ville où se côtoient les salarymen, les mères de famille, les yakusas, les jeunes voyous désoeuvrés. Au milieu des magasins qui grimpent jusqu'au ciel, des love hôtels, des salons de massage, la petite boutique de fruits et légumes que tient la mère de Makoto résiste à la modernité et au gigantisme. Makoto y travaille en rechignant un peu, mais la plupart du temps, il traîne avec ses potes dans le parc face à la gare. Plutôt débrouillard, pas trop stupide, Makoto n'a pas fait carrière -à 19 ans, il cherche
encore sa voie- mais il n'a pas non plus trop mal tourné, contrairement à d'autres, embarqués dans les gangs qui pullulent dans le quartier. Makoto a des amis partout, s'entend avec tout le monde et traîne dans les parages une réputation de mec bien à qui on peut se fier. D'ailleurs, quand un problème vient perturber le quartier, c'est toujours à lui qu'on s'adresse pour le résoudre rapidement et sans violence. Il est ainsi devenu le "solutionneur d'embrouilles" d'Ikebukuro, celui qui se préoccupe de maintenir la paix, de remettre les égarés dans le droit chemin.
Une visite guidée d'Ikebukuro avec dans le rôle de l'hôte, Makoto, le futé, le débrouillard, le pacificateur. Avec lui, on se promène dans les ruelles de ce quartier hétéroclite à la rencontre de sa faune bigarrée. Peu à peu, on investit l'endroit, on partage ses règles secrètes, les combines, les trafics, la face cachée de ce lieu populaire et contrasté. C'est tout l'intérêt de ce livre, immersion totale dans la vie tokyoïte, bien loin des clichés touristiques. Et puis, bien sûr, il y a les enquêtes pour lesquelles Makoto semble développer un don particulier. Il sait composer avec les gangs, les yakusas, la police pour faire régner un semblant de calme et régler les affaires de drogue, de meurtre ou de disparition. On sent tout l'amour pour son quartier dans le récit dynamique et plein de fraîcheur de ses aventures. Un texte bien ficelé, moderne et jeune qui change de la littérature nippone poétique et éthérée. Attachant et original, à suivre dans les tomes suivants.
L'inspecteur Honma est chez lui en convalescence quand un cousin de sa défunte épouse vient lui demander de retrouver sa fiancée disparue, la belle Shoko. Le jeune homme, banquier de son état venait de proposer une carte de crédit à l'élue de son coeur et découvrait à cette occasion que Shoko était fichée pour faillite personnelle. Pour Honma qui commençait à s'ennuyer, cette enquête officieuse est une aubaine. Elle lui permet de sortir de son appartement, de remettre le pied à l'étrier en douceur et lui donne un prétexte pour faire faux bond à sa kinésithérapeute. Le voilà
donc dans les rues de Tokyo, sur les traces de la jeune fille disparue. ses premières découvertes le laissent pantois : Shoko n'est pas Shoko, elle a usurpé l'identité d'une autre jeune fille.
Un flic à la poursuite de deux ombres dans un Japon en pleine crise économique. Crédits immobiliers ou crédits à la consommations, chacun se rêve une vie meilleure qui passe par une accumulation de biens. Quand vient le moment de rembourser cet argent si facilement obtenu, les choses se compliquent. Certains se tuent, d'autres fuient ou changent d'identité, mais il est difficile d'échapper à des créanciers qui n'hésitent pas à engager des yakusas pour menacer la famille de l'endetté. C'est ce monde impitoyable que va découvrir Honma au fil de ses investigations. Son enquête, passionnante et prenante, nous mène dans une société japonaise où, comme partout ailleurs, l'argent est source de tous les maux. C'est une belle réussite qui a aussi l'intérêt de nous présenter un policier sensible et attachant: l'inspecteur Honma, un veuf qui depuis le décès accidentel de sa femme, élève seul le petit Saturo, aidé par un couple de gentils voisins dont le mari est aussi son homme de ménage. Persévérant, un tantinet rigide, on sent en lui beaucoup d'empathie et de douceur. Les moments partagés avec son fils illuminent le roman qui par ailleurs s'enfonce dans la noirceur des dérives de la société de consommation. Un polar atypique et instructif.
Quand il revient en Australie, Tom Sherbourne veut oublier la boue et le sang des tranchées de la première guerre mondiale. Le calme auquel il aspire, il le trouve dans le métier de gardien de phare qu'il va exercer sur l'île de Janus, petit bout de terre, ballotté par deux océans. Avant de se retrouver seul et isolé pour les six prochains mois, il arrive à Pointe Partageuse où il fait la connaissance de la jeune et fougueuse Isabel. Ils s'écrivent, s'aiment et finissent par se marier. C'est pleine d'allégresse et d'optimisme qu'Isabel suit son mari sur la petite île si loin de tout.
Si leurs sentiments ne connaissent aucune ombre, leur bonheur est cependant terni par l'absence d'enfant. Après deux fausses couches et un enfant mort-né, Isabel est au bord du gouffre. Alors quand un petit bateau échoue sur leur rivage avec à son bord un homme mort et un bébé en pleine santé, elle n'a aucun doute : c'est Dieu qui lui envoie ce cadeau pour lui faire oublier les épreuves passées. Tom voudrait signaler l'évènement aux autorités mais le sourire retrouvé de son épouse adorée le dissuade, et tous les deux élèvent la petite Lucy comme si elle était issue de leurs sangs. Mais toute cette joie, tout ce bonheur sont compromis quand, lors de leur congé à Pointe Partageuse, il découvre une terrible réalité : Lucy a une mère qui espère son retour depuis quatre ans, une mère qui se désespère et meurt lentement de cette absence. Isabel fait fi de ses scrupules et décide de se taire quand Tom, rongé par la culpabilité, ne supporte pas de garder le secret.
Janus, deux cents hectares de terre aride et balayée par les vents, battue par deux océans, à 150 kilomètres du continent, deux arbres, un phare, une petite maison de bois, pas exactement l'idée que l'on se fait du paradis et pourtant c'est bien là qu'Isabel et Tom vont connaitre leurs plus grands bonheurs, grâce à la lumière, non pas celle du phare mais celle de Lucy, le miracle, le trésor, apporté par la mer. En même temps qu'ils vont apprendre à devenir parents, à s'attacher à un enfant et l'aimer au-delà de tout, ils vont découvrir les liens du coeur, les liens du sang, le bien, le mal, le mensonge, la vérité. Dans une nature hostile et tourmentée, ils vont connaitre eux aussi les pires tumultes de la nature humaine : l'amour, la trahison, la culpabilité, le pardon. une vie entre deux océans, entre deux mers, entre de mères pour la petite Lucy née Grâce, enfant chérie par deux familles, victimes des choix, des décisions d'adultes aux jugements obscurcis par les sentiments.
Des hommes, des femmes, bousculés, trahis par la vie, des peines, des chagrins, mais aussi des moments de joie pure, sur une terre perdue tout au bout de l'Australie...Un roman qui emporte, qui dévaste, qui ballotte son lecteur entre empathie, condamnation, compréhension, un très très grand moment de lecture qui laisse un goût de sel...celui de l'océan ou des larmes. Un énorme coup de coeur !
Faber, Basile, Madeleine : trois enfants nés dans les années 80, un trio inséparable depuis la cour de récréation de l’école primaire de Mornay, trois gamins unis à la vie à la mort qui se rêvaient un avenir brillant, qui ne voulaient pas d’une vie de français moyens, dans une ville moyenne d’un pays moyen. Emportés par la fougue de Faber, le génial, le flamboyant, le surdoué, le meneur d’hommes, les trois amis grandissent, s’impliquent dans les grèves lycéennes, se cherchent et cherchent un combat à mener. Mais les années 2000 sont peu propices à la lutte et la vie
les rattrape. Faber se radicalise, quitte la ville; Madeleine et Basile rentrent dans le rang.
Quand bien des années plus tard, Faber revient à Mornay, il n’est plus que l’ombre de lui-même, Madeleine s’ennuie dans son couple et dans son travail, Basile est professeur dans leur ancien lycée. Leurs rêves se sont perdus en route mais il reste des comptes à régler…
Un livre qui aurait pu être fabuleux mais laisse une impression de gâchis. A la juste description d’une ville, certes fictive mais comme il en existe tant en France (centre historique, quartiers aisés, cités périphériques, etc.) s’ajoutent une histoire d’amitié forte, la personnalité charismatique de Faber, héros tout-puissant, deux fois orphelins, se trimbalant une aura sullfureuse. Mais ce qui se voulait le roman d’une génération, perdue de vivre dans un pays libre et démocrate, tourne très vite en eau de boudin. Faber est finalement un héros sans envergure qui peine à trouver une cause pour laquelle se battre et ses exploits sont peu glorieux. Ses deux comparses passent de timorés à frustrés et n’ont que très peu d’intérêt. Mais le pire du roman, c’est sa fin. Si jusqu’alors le roman se lisait sans passion mais sans ennui, la fin bat des records de complaisance. Tristan GARCIA y met en scène un personnage qui porte le même prénom que lui, ce n’est sans doute pas un hasard mais alors qu’est-ce? Une lubie narcissique et nombriliste ? Quoi qu’il en soit, le procédé enlève toute crédibilité à un récit qui en manquait déjà cruellement…
Faber, destructeur peut-être, mais qui ne casse pas trois pattes à un canard.
En Australie, à la recherche de l'endroit où Aki voulait que l'on répande ses cendres, Sakutaro se souvient...de leur rencontre en classe de 4è, de leur amitié qui peu à peu s'est transformée en amour, de leurs promenades, leurs conversations, leurs projets, de la maladie d'Aki et finalement de sa mort. Seul avec sa peine, le garçon ne pouvait que partager son chagrin avec son grand-père, capable de le comprendre, ayant perdu lui aussi un être cher.
Un roman magnifique et touchant qui, même s'il est d'une immense tristesse, reste sobre, délicat et pudique. On se laisse emporter
par la douceur de ce récit qui conte un amour naissant qui n'aura pas eu le temps de s'épanouir, le chagrin de celui qui reste et ses interrogations sur l'amour. Car malgré la mort, c'est bien d'amour qu'il s'agit : comment il s'installe dans un coeur sans que l'on s'en rende compte, comment il s'alimente de petits gestes, de petites attentions, de moments partagés, et ce qu'il devient une fois que l'être aimé n'est plus là pour le recevoir. Que faire de ce sentiment si intense? Que reste-t-il de celui qui est parti? Le temps peut-il effacer le chagrin?
Un grand moment d'émotion et une belle réflexion sur l'amour et la mort. un petit bijou de sensibilité et de poésie, à lire absolument.
Après le décès accidentel de ses parents, Juliette hérite d'une coquette somme qu'elle décide d'investir dans l'achat d'une grande maison charmante et atypique. Située rue Richard de Fournival à Amiens, cette bâtisse est divisé en sept appartements dont deux seront occupés par des amies de Juliette. Dans l'aile gauche, s'installe Prisca, une infirmière de 49 ans, militante syndicaliste, récemment divorcé, qui vit avec ses deux enfants. L'aile droite sera, elle, occupée par la douce et jeune Florence, épouse battue par un mari irascible, mère d'un petit Clément de 7 ans et qui
trouve dans sa foi en Dieu la force de vivre. Les trois femmes bouillonnent de projets. Cette maison sera leur havre de paix, un endroit accueillant où elle pourront se voir, se parler, s'entraider mais aussi un lieu de rencontre pour les artistes, musiciens, peintres, comédiens, et autres saltimbanques. Pourtant, l'harmonie de ce beau projet de vie communautaire va être chamboulée par l'arrivée d'un poète, médiéviste avisé, spécialiste des trouvères et de l'amour courtois, professeur à l'université de Nanterre et qui travaille à une biographie de Richard de Fournival : Vincent Fournol. Le quadra cultivé, un brin précieux mais d'une galanterie rare, devient un invité régulier de la maison des dames, faisant battre le coeur de certaines, éveillant la méfiance d'une autre.
Si cette Rue des dames est une comédie charmante qui se lit facilement et avec un certain plaisir, il faut tout de même avouer qu'on se demande où l'auteure veut nous emmener. S'il s'agit de faire l'apologie de la colocation, c'est un peu raté ! Effectivement l'idée est belle et le début de l'histoire a un goût de bonheur retrouvé, d'amitié sincère et de bien-être. Mais dès qu'un homme pointe son nez dans ce gynécée, la zizanie commence et ce ne sont plus que mensonges, manipulations et promesses oubliées. Alors l'auteure a-t-elle voulu prouver qu'il vaut mieux rester entre femmes et éviter la compagnie de ces messieurs pour être heureuses? Si c'est le cas, le procédé est un peu grossier, d'autant que la présence d'une femme au milieu d'un groupe d'hommes aurait eu les mêmes effets dévastateurs. Mais il faut dire qu'Isabelle MARSAY a tendance à forcer le trait. Son poète érudit est le comble du ridicule et ses personnages féminins sont des caricatures : Juliette ne vit pas, elle joue un rôle, Prisca est trop tout, trop militante, trop féministe, trop amère, trop vindicative et Juliette, avec sa certitude que le retour du messie est pour bientôt, laisse franchement pantois. Toutes les trois sont passionnées d'art, écoutent de la grande musique et s'inquiètent de l'avenir de l'humanité...Caricatural, non?
Bref, il faut prendre ce roman pour ce qu'il est : une lecture détente. Isabelle MARSAY se joue des genres et combine sans vergogne la chick litt, le roman sentimental et même le polar, le tout dans une langue châtiée qui, comme ses personnages, se prend peut-être un peu trop au sérieux. A réserver pour les jours où l'on veut se reposer l'esprit.
Si Edeltraud Kreutzer a quitté son vieux mari, trop fatigué pour voyager, et le froid hivernal de l'Allemagne, ce n'est pas pour profiter du climat tropical, des plages de sable blanc et des eaux transparentes de Margarita. Pour elle, la "perle des Caraïbes" n'est pas le paradis dont rêvent les touristes européens, mais le petit bout d'enfer où son fils Wolfgang est mort noyé. Et si elle a entrepris ce long voyage, c'est pour éclaircir les circonstances de ce décès. Wolfgang était jeune et bon nageur, comment a-t-il pu se noyer alors que, selon les témoins, il n'avait de l'eau que
jusqu'à la taille ? A-t-il été éliminé par sa femme et son amant comme l'affirme la lettre anonyme qu'elle a reçue ? Pour pouvoir faire son deuil, Edeltraud a besoin de réponses mais, seule dans un pays auquel elle ne comprend rien, ses chances sont minces. Sur les conseils du vice-consul, elle engage José Alberto Benitez, avocat idéaliste et désargenté, qui va l'aider à voir, derrière l'image de carte postale, le vrai visage de l'île.
Une petite île des Caraïbes, rattachée au Vénézuela...Chacun vient y chercher le bonheur sur terre dans un décor de rêve. Pour Wolfgang Kreutzer, il s'agissait de suivre sa ravissante et ambitieuse épouse qui avait eu le coup de foudre pour le sable chaud, les palmiers et la douceur de vivre. Mais tandis que Renata s'épanouissait sous le soleil des tropiques, Wolfgang connaissait le doute. Margarita, incompatible avec son tempérament allemand, a causé sa perte. Derrière l'île paradisiaque, se cache une autre île, une île invisible faite de violence, de crimes et de sang. C'est cette île qui a perdu Wolfgang. Le rêve de sa femme n'était pas le sien et il a eu besoin de se trouver un but, une passion et ce furent les coqs. D'abord réticent, il a fini par être englouti par ce monde brutal et cruel sans trouver le recul et l'indolence nécessaires pour s'impliquer sans se perdre. Les découvertes de l'avocat Benitez au fil de son enquête dévoilent un homme détruit par sa quête, celle de lui-même, celle de la perfection, celle de vivre à fond.
Si quelquefois, on se perd dans les considérations philosophiques et même psychiatriques de l'avocat-enquêteur, il n'en demeure pas moins que L'île invisible agit comme un envoûtement sur le lecteur. On se croirait dans les rues de Porlamar ou d'Asuncion, on en ressent la chaleur moite, on en découvre la violence derrière la nonchalance, les vices derrière les sourires. Une belle réflexion sur le sens de la vie, la recherche du bonheur confrontés à la réalité souvent cruelle. Un beau et grand roman.
On ne présente plus le Routard, célèbre guide de voyage qui accompagne les depuis 1973 déjà. Mais, au fait, à quoi tient sa bonne réputation ?
A ses listes interminables et ennuyeuses de restaurants où se sustenter à bas prix ou en flambant un mois de salaire?
A ses listes interminables et ennuyeuses d'hôtels où dormir sur ses deux oreilles en chambre dortoir ou dans une suite présidentielle?
A son design frais et coloré? Son papier glacé agréable au toucher?
A ses petits endroits insolites, connus des seuls autochtones, et bien sûr de tous les touristes français, sac-banane
au rein et routard à la main?
A ses explications claires et précises, du genre : "Descendre la rue Kawaramachi vers le sud par le trottoir de gauche, le resto se trouve au niveau d'un parking, tout au fond du parking, derrière un étalage de légumes"?
Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, le Guide du routard Tokyo et Kyoto sera très utile à ceux qui cumulent un sens de l'orientation aiguisé et le courage d'errer sans fin dans le seul but de dénicher le petit resto pas meilleur qu'un autre mais chaudement recommandé par un collaborateur qui est sûrement tombé dessus par hasard. Bien sûr, Tokyo est une ville gigantesque où l'on se perd facilement mais, plus sûrement que le routard, ce sont les japonais, gentils, serviables et généreux, qui vous remettront sur le bon chemin. Quant à Kyoto, là encore le guide est inutile. Il suffit de flâner le long de la rivière Kamo et de se laisser porter par le hasard.
Le Japon est un pays sûr et accueillant et, contrairement aux idées reçues, très peu cher. On peut s'y loger à bas prix et manger copieusement pour quelques euros. Tout cela se vit sur place, en prenant son temps, en changeant de programme au fil des rencontres et des découvertes...et au diable le guide du routard !
Un grand roman
Au soir de sa vie, Isaac Golder lance une bombe dans le monde des lettres en annonçant publiquement qu'il n'est pas l'auteur de "La Toile", son premier roman, celui qui lui a apporté la célébrité. Il avoue avoir volé le texte à Rachel, son amour de jeunesse, déportée à Ravensbrück en 1943 et qu'il croyait morte. La presse s'empare de ce scandale et recherche Rachel qui vit à Rimini avec son mari Lucio dont elle a eu un fils. Rachel est bouleversée par ses révélations, elle qui n'avait jamais parlé de sa vie dans les camps, se confie à deux journalistes tout en écrivant de longues lettres à Isaac sans trouver le courage de les envoyer. Pourtant, Isaac va bel et bien recevoir des lettres, celles de Juan Cerro, un jeune argentin, fils bâtard et parricide d'un nazi réfugié en Argentine, Horst Wolf, celui-là même qui a sauvé Rachel juste avant la libération de Ravensbrück. Son carnet bleu, journal intime d'un SS, raconte un jeune homme embrigadé dans les jeunesses hitlériennes, affecté à Ravensbrück, réfugié en Amérique du Sud où il n'a pas su être père.
Riche, dense et extrêmement bien documenté, La nuit des secrets est un roman qui plonge le lecteur dans l'horreur de la deuxième guerre mondiale. Quatre voix se mêlent pour raconter leur vision de la guerre et des évènements qui s'en sont suivis.
D'abord, il y a Rachel, fauchée dans la fleur de l'âge par la folie des hommes. Elle survivra au camp mais à quel prix? Remarquée par un gradé, elle servira dans la villa SS, esclave d'un homme violent qui abusera d'elle et la fera dormir dans un sombre réduit. Rescapée certes mais avec le besoin d'oublier la vie d'avant le camp, de vivre cachée et de taire aux siens les outrages subis; rescapée mais souillée, honteuse de son sort de "privilégiée". Vient ensuite Juan. Enfant il croyait que son père était pilote de ligne et quand sa mère lui avoue la véritable identité de son géniteur, il n'éprouve que honte et dégoût. Pourtant, il souffrira de l'absence et du rejet de cet homme qui est un "salaud de nazi" mais qui n'en demeure pas moins son père. Sentiments ambivalents où la honte s'ajoute à la honte encore et encore. Il lui faut tuer le père, à la fois pour venger le peuple juif, pour le punir de lui avoir transmis ce sang de criminel et surtout, sans doute, pour l'amour qu'il n'a pas voulu donner. Sa vision de ce géniteur va pourtant changer quand il découvre le carnet bleu. Il apprend alors à connaitre un Horst sensible, dépassé par les évènements, enrôlé malgré lui dans les SS, honteux de ses origines modestes, de la faiblesse de son père et qui cherchait un père en la personne de Heinz N., le gradé dont il était le sous-fifre. Ecoeuré par la violence de son mentor et le traitement qu'il infligeait à Rachel, mais trop jeune et trop lâche pour se rebeller, il subit l'horreur du camp et sauve peut-être son âme en épargnant Rachel. Mais combien de morts pur une vie sauvée? Faut-il le dédouaner de tous ces actes pour cet ultime geste d'humanité? La quatrième voix est celle d'Isaac Golder, le voleur de manuscrit, celui qui s'est bâtie une carrière sur un mensonge. Son aveu tardif bouleverse la vie de celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer. A 82 ans, il a besoin du pardon de Rachel, d'une explication et aussi d'en savoir plus sur son passage en enfer. Lui-même promène une double culpabilité, avoir échappé aux rafles et avoir trahi son amour de jeunesse. Le pardon est-il possible?
Tout n'est heureusement pas dit ! David DOMA offre un roman passionnant qui explore les tréfonds de l'âme humaine et jette un regard impartial mais sans concessions sur une période trouble où le noir et le blanc se mêlaient pour créer cette grisaille qui envahissait tout. Un récit beau et puissant, à lire tout simplement.