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Les Kloetzer continuent à creuser leur sillon singulier avec un nouveau roman transgenre:
L'arme ultime à été déclenchée, la bombe idéologique, les trois quarts de l'humanité ont péri et les survivants ne cherchent plus à comprendre les causes de la catastrophe mais à retrouver et tuer les coupables et empêcher a tout prix que l' horreur recommence. L'un d'eux pourrait avoir survécu envers et contre tous les jugements: une femme, un phantasme.
Une enquête paranoïaque et sensuelle s'engage dans l'avant, le pendant et l'après catastrophe. La narration habilement déstructurée
semble poser la question: comment sortir du soupçon et de la paranoïa quand on traque le passé et que celui-ci nous rattrape et nous devance, quand le souvenir semble marcher toujours un pas devant nous, insaisissable. Une enquête sur une femme changeante et évanescente car elle est le passé, le présent et l'avenir des hommes, l'obsession devenue réalité des amants, des tortionnaires et des chasseurs pour leur appartenir et les soumettre à la fois
Un récit sublime et effrayant par le genre de péril qu'il expose, véritable pandémie de la conscience, et les portes qu'ils entrouvre sur des univers dévastateurs et dévastés, des univers oniriques , des univers virtuels, sur la décadence, la chute et la reconstruction, sur la grâce fragile des lieux, des êtres et des chants.
Il est tout d'abord difficile de rentrer dans ce livre, les premiers chapitres ayant de quoi déconcerter: une abondance de termes hindis pas toujours expliqués dans le lexique, une situation de départ complexe et une avalanche de personnages différents. Il m'a fallu relire certains passages pour bien tout saisir et chercher sur internet quelques information sur la géographie de l'inde (une carte aurait été bienvenue).
Mais passé ce cap des premiers chapitre le roman devient captivant par la richesse de son anticipation: on y retrouve certains thèmes classiques hérités d'Asimov et modernisés
(intelligences artificielles, modifications corporelles et univers parallèles) associés à des thèmes assez inédits comme la détérioration du climat (avec la sécheresse et l'épuisement du Gange, source de tous les conflits), l'identité sexuelle( les neutres: ni-hommes, ni-femmes sont à la fois admirés dans la mode et traités comme des sous-hommes) et la médiatisation a outrance, Ian McDonald s'en empare avec maestria par le prisme d'une Inde futuriste divisée en états indépendants, où progrès technologique et traditions ancestrales se heurtent allégrement. Ce théâtre indien devient passionnant à mesure que les destins des protagonistes se croisent et s'entrecroisent dans le court espace temporel où se déroule le récit. Mais même alors il reste compliqué de cerner où cela vas les mener, quel va être le lien central de toutes ces histoires si ce n'est le fleuve des dieux lui-même. Ce n'est que vers la toute fin que les histoires s'assemblent et que se lèvent les derniers mystères, pour une conclusion à la hauteur du roman.
En bref ce roman est exigeant, il réclame une immersion complète et qui s'accorde mal avec une lecture intermittente, mais on est récompensé par un monumental récit d'anticipation dont il serait vraiment dommage de passer à côté.