J'ai lu ce livre lors de sa parution en 2005, en parler aujourd'hui est un exercice qui s'apparente un peu à celui d'un funambule... Que faire ? Pas le temps de le relire... J'ai un très bon souvenir de lecture, car il appartient à cette catégorie des livres-totems, dans mon esprit ce sont ces livres qui nous permettent de mettre en mots ce que nous sommes, ce qui nous définit en tant que personne. En lisant, on se dit c'est tout moi, j'aurais pu écrire cette phrase, je la porte en moi, elle prend corps sur le papier, et cela même si le personnage principal est une femme, les points communs
sont si nombreux, le genre passe au second plan. "Elle" n'a pas de nom, elle est comme invisible, pas de celle dont on se souvient, célibataire, réservé, différente, pas toujours en phase avec la réalité, mal à l'aise sous les regards d'autrui. Un peu comme le personnage joué par Hippolyte Girardot dans "Un monde sans pitié", qui exprime cette même impossibilité à partager ses sentiments ou ses espoirs, son sentiment d'infériorité, d'insatisfaction, cette habileté à couper court aux discussions, ne basculant jamais dans la confidence, ou l'intimité, l'impression de ne pas vivre vraiment mais d'être une machine à exister.
En relisant certains passages, en papillonnant de phrases en phrases, je me souviens de ce style incisif où chaque mot est bien pesé, ses balades dans Paris, une simple description d'une façade d'immeuble qui fait mouche et m'enchante, les dialogues qui s'insèrent dans le corps du texte ; les livres où l'on va à la ligne, on balance un tiret-pour ouvrir des guillemets, m'insupporte pour la plupart. Je pourrais faire mille citations. "Son enveloppe est intact, c'est l'intérieur qui a morflé. Chaque geste est une épreuve, un exercice de la volonté pour se convaincre que manger, sortir, travailler, dormir sont bien nécessaire à sa survie. Elle n'a envie de rien.", (...) Elle n'a qu'elle-même pour se tenir compagnie : le plomb est en train de reprendre prise. Sortir, à la rencontre de quelqu'un, dans l'espoir de ressentir autre chose que ses propres limites physiques". Un roman urbain, qui semble me parler directement, avec beaucoup de finesse et d'émotions, de ce que je suis dans ma banalité la plus quotidienne, des fragments d'un discours amoureux fait d'une solitude passante, un écoulement de vie, un écroulement des codes qui régissent les comportements sociaux établis. Du coup, je dois être un peu amoureux, il faut absolument que j'évoque ses autres romans, à suivre...
Voix sans issue.
J'ai lu ce livre lors de sa parution en 2005, en parler aujourd'hui est un exercice qui s'apparente un peu à celui d'un funambule... Que faire ? Pas le temps de le relire... J'ai un très bon souvenir de lecture, car il appartient à cette catégorie des livres-totems, dans mon esprit ce sont ces livres qui nous permettent de mettre en mots ce que nous sommes, ce qui nous définit en tant que personne. En lisant, on se dit c'est tout moi, j'aurais pu écrire cette phrase, je la porte en moi, elle prend corps sur le papier, et cela même si le personnage principal est une femme, les points communs sont si nombreux, le genre passe au second plan. "Elle" n'a pas de nom, elle est comme invisible, pas de celle dont on se souvient, célibataire, réservé, différente, pas toujours en phase avec la réalité, mal à l'aise sous les regards d'autrui. Un peu comme le personnage joué par Hippolyte Girardot dans "Un monde sans pitié", qui exprime cette même impossibilité à partager ses sentiments ou ses espoirs, son sentiment d'infériorité, d'insatisfaction, cette habileté à couper court aux discussions, ne basculant jamais dans la confidence, ou l'intimité, l'impression de ne pas vivre vraiment mais d'être une machine à exister.
En relisant certains passages, en papillonnant de phrases en phrases, je me souviens de ce style incisif où chaque mot est bien pesé, ses balades dans Paris, une simple description d'une façade d'immeuble qui fait mouche et m'enchante, les dialogues qui s'insèrent dans le corps du texte ; les livres où l'on va à la ligne, on balance un tiret-pour ouvrir des guillemets, m'insupporte pour la plupart. Je pourrais faire mille citations. "Son enveloppe est intact, c'est l'intérieur qui a morflé. Chaque geste est une épreuve, un exercice de la volonté pour se convaincre que manger, sortir, travailler, dormir sont bien nécessaire à sa survie. Elle n'a envie de rien.", (...) Elle n'a qu'elle-même pour se tenir compagnie : le plomb est en train de reprendre prise. Sortir, à la rencontre de quelqu'un, dans l'espoir de ressentir autre chose que ses propres limites physiques". Un roman urbain, qui semble me parler directement, avec beaucoup de finesse et d'émotions, de ce que je suis dans ma banalité la plus quotidienne, des fragments d'un discours amoureux fait d'une solitude passante, un écoulement de vie, un écroulement des codes qui régissent les comportements sociaux établis. Du coup, je dois être un peu amoureux, il faut absolument que j'évoque ses autres romans, à suivre...