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Les récits des médecins durant la Grande Guerre sont assez rares (on se souvient par exemple des Carnets de l'aspirant Laby, Pluriel, 2003, 4149 ex. GFK). Pourtant, en quatre ans, près de 5 millions de blessés déferleront sur les services de santé, à l'arrière-front. Duhamel, qui était médecin, a vécu "l'envers de l'enfer" et voulu, avec cette Vie des martyrs (1917), oeuvrer à la mémoire de ces hommes confrontés à la douleur, à la terreur de l'amputation, à l'agonie, mais aussi à la grâce.
Son livre, qui offre des pages exceptionnelles sur Verdun, est le premier témoignage littéraire sur la Grande Guerre. Porté par l'éthique de Duhamel et son extraordinaire empathie, il raconte des figures lumineuses comme celle de Léglise, la bonté même, qui survivra en sacrifiant ses deux jambes ; ou l'agonie poignante de Mercier ; ou encore ce grand blessé qui supporte tout jusqu'au moment où lui pousse sur le nez un tout petit bouton...
Livre des passages, il rappelle aussi, à chaque page, la force consolatrice de la parole littéraire. Un chef-d'oeuvre.
POUR NE PAS OUBLIER
Témoignage littéraire, certes, mais de première main.
Georges Duhamel, écrivain-médecin-chirurgien, réformé, engagé volontaire à trente ans, se dévoue jusqu'à l'épuisement physique et moral pour arracher à la mort ces soldats blessés, mutilés, gazés de retour des sanglantes batailles de la Grande Guerre ( Verdun en particulier ), mais aussi pour les sauver de l'oubli.
Des mots pour qualifier ces textes : souffrance, angoisse, mort, détresse morale ( il faut trier les hommes que l'on est - presque - sûr de sauver et les autres, perdus ), abnégation, courage, humanité profonde, empathie, modestie, compassion, humilité, émotion.
Des textes pour appréhender ce que nos grands-pères, que nous avons bien connus, nous ont toujours tu.