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Un petit truand est retrouvé égorgé dans les rues de Bucarest. Quand un deuxième voyou, puis un troisième sont assassinés du même coup de lame mortel, il devient clair qu'un meurtrier en série sévit dans la capitale roumaine. Ses victimes ont toutes le même profil : elles appartiennent à la communauté rom et possèdent un casier judiciaire. A la veille de l'élection présidentielle, le gouvernement se serait bien passé d'une telle affaire, propre à réveiller les tensions entre la majorité roumaine et la minorité tzigane.
D'autant que le tueur, insaisissable, ne semble pas près de s'arrêter. A chaque nouveau coup de celui que la presse a baptisé le Poignard, la haine entre communautés s'envenime, chauffée à blanc par la fièvre médiatique et une instrumentalisation politique éhontée. Tandis que les vieux démons de la Roumanie refont surface, l'Union européenne s'inquiète : le pays est-il sur le point de basculer dans un sanglant conflit interethnique ? En abordant une banale histoire de meurtres à travers le prisme des médias et de la vie politique, Bogdan Teodorescu dresse un portrait acide de la société roumaine contemporaine.
Un roman de politique-fiction puissamment actuel, véritable " Borgen " des Balkans.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Un soir d’été, la Mouche, un rom qui gagne sa vie en jouant au bonneteau sur les marchés de Bucarest est retrouvé égorgé dans une ruelle, assassinat suivi bientôt d’un second, celui d’ un autre tzigane au casier judiciaire bien chargé. Et ce n’est que le début d’une longue série. Où l’on découvre que le tueur travaille en orfèvre, portant à ses victimes un seul coup fatal ce qui lui vaut de devenir Spada (Le poignard) pour les médias. Spada ne tue que des roms titulaires d’un casier judiciaire généralement assez conséquent. Ici le lecteur croit deviner que ce récit possède toutes les caractéristiques du roman noir et il faut bien reconnaître que la succession des circonstances et le traitement narratif inclineraient à nous confirmer cette hypothèse. Pourtant il n’en est rien. Bogdan Teodorescu nous a tendu un véritable piège car son récit est une nasse qui se referme sur le lecteur. Notre écrivain a été journaliste mais aussi professeur de marketing politique et électoral au sein de l’équivalent de l’Ena en Roumanie et c’est un plan machiavélique qu’il a élaboré autour de cette affaire de meurtres en séries
C’est en effet en connaisseur des médias et de la vie politique roumaine qu’il nous propose la peinture d’une société traversée par une incroyable litanie de contradictions, de cynisme en tous genres et de manipulations politiques. Teodorescu se montre d’un réalisme sans fard. La société roumaine est dévoilée sous une lumière crue et l’instrumentalisation de l’affaire Spada va chauffer la population à blanc l’amenant au bord du conflit ethnique. Les pires remugles remontent à la surface et de vieux démons semblent retrouver toute l’énergie du passé.
“Spada” a le mérite de souligner la fragilité de notre monde et pas seulement celui d’une Roumanie certes travaillée par ses contradictions et ses haines ancestrales mais qui constitue ici le prisme d’une société européenne en déliquescence. En ces temps troublés il faut lire ce beau roman fort bien traduit par Jean-Louis Courriol.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)