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A cinquante ans, Hugo, batteur professionnel, vit dans la maison familiale, face aux îles Sanguinaires, un archipel à l'entrée du golfe d'Ajaccio. Entre deux tournées et deux enregistrements sur le continent, il veille sur sa lignée et son jardin. Son fils de vingt-huit ans et son petit-fils vivent avec lui. Sébastien est barman, ancien taulard, ancien toxico. Vittorio finit son année de CM2. Ils n'ont pas de femmes dans leur vie.
Un matin, Sébastien est abattu de plusieurs balles par des tueurs en moto sur la terrasse du bar où il travaille. A Ajaccio, tout le monde soupçonne une famille de voyous d'être les commanditaires de ce meurtre. Hugo, fou de douleur, met son petit-fils à l'abri au village, dans la montagne. Le soir même, il tente de se venger du clan rival. Mais au moment de tuer, il renonce. Le lendemain il charge son van, prend le ferry et part sur le continent avec Vittorio.
Sur les routes du Sud-Ouest, dans les Cévennes, le Quercy et jusque dans les Landes, jouant dans des fêtes votives, parmi les vacanciers et les ruraux, Hugo et Vittorio cherchent la mère de l'enfant. Mais ils sont suivis. Par un tueur. Par un ange gardien. Hugo fera tout pour sauvegarder ce qui reste de sa famille décomposée. Tout.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Denis Parent n'est ni Simenon ni Jean-Patrick Manchette ! Mais en vérité il n’a rien à envier à ces deux là dès lors qu’il s’agit de sonder l’âme sombre de l’humanité, il se porte même à la hauteur du meilleur auteur français dans son domaine : lui-même. Voilà un auteur dont la psychologie humaine n'a pas de secret surtout quand elle déraille et qu'elle a besoin de vodka et de coke pour pouvoir rester parmi les vivant, mais pas seulement.
Un roman de Denis Parent est toujours un microcosme qui se referme impitoyablement sur le lecteur. "Sanguinaires" fonctionne comme un récit d'Hector Malot façon thriller. Un grand père – jazzman et requin de studio - dont le fils vient d’être assassiné doit fuit avec son petit fils, un gamin à la langue bien pendue. Fuir pour échapper à une malédiction familiale, fuir parce qu’on veut tout simplement les supprimer. Il faut dire que l’action démarre en Corse et les descriptions des mauvaises habitudes de certains insulaires valent vraiment le détour. On a parfois l’impression de se retrouver au coeur d’un western mais la scène finale au milieu de la rue principale tourne plutôt à l’assassinat crapuleux, ce à quoi une petite minorité corse nous a habitué depuis quelques décennies et même quelques siècles si on compte les glorieux ancêtres qui se criblaient déjà à coup de tromblons.
Mais n’allez pas imaginer que “Sanguinaires” soit seulement un thriller. Ce serait mal connaître Denis Parent qui est à la fois un grand styliste et un incroyable conteur. Ce qui chez d’autres serait un bon polar psychologique devient avec Parent une oeuvre polymorphe qui conjugue roman familiale, road novel et thriller haletant. L’écrivain parvient à actionner les différentes manettes du genre avec l’art consommé d’un machiniste inspiré. L’un de ses points forts tient dans sa capacité à donner chair à ses personnages et à rendre les sentiments qui les animent si réels qu’on a l’impression qu’il les exproprie de la fiction pour les réintégrer dans la vraie vie.
“Sanguinaires” est une oeuvre forte qui laisse pas mal de spécialiste du thriller sur le carreau. Ce n’est pas un roman qu’on oubliera sur la plage. On lui réservera plutôt une place de choix dans sa bibliothèque parce qu’un véritable écrivain mérite que l’on traite bien ses livres.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)