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"Ma mère, quand elle m'a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte. Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu'elle n'a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m'a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo.
Le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres. Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans". J. M. G. Le Clézio.
chronique familiale
Ce résumé peut paraître fade, mais l’écriture dense de Le Clézio en fait un tout autre livre.
Ce livre contient, de par son écriture, une certaine impatience, une frustration qui me l’a fait dévorer en 2 soirées… la ritournelle de la faim. Je ne me suis pas sentie spoliée par le survol de la vie d’Ethel tant était grande la faim d’aller plus avant.
Dans le prologue, Le Clezio nous relate sa prime enfance où il a connu la faim de n’avoir pas assez à manger pendant la guerre, puis il nous met en garde : « c’est d’une autre faim qu’il sera question dans l’histoire qui va suivre ».
Cette faim c’est le besoin qu’à Ethel de pas être comme ses parents, de survivre aux tourments de la guerre, de se surpasser lorsqu’elle prend les rênes de la maison et décide d’aller à Nice.
La fin du livre nous renseigne sur cette belle personne qu’est Ethel : il s’agit de sa mère.
Il y a 2 parties très distinctes dans ce livre. La première, mélancolique, surannée, où Le Clézio relate plusieurs épisodes marquants de la vie d’Ethel et la seconde, bien que très noire me semble plus constructive. Là Ethel est plus actrice que spectatrice, ose et va de l’avant.
Le titre « ritournelle de la faim » fait référence au boléro de Ravel dont il n’est question qu’en fin de livre mais qui me semble éclairer la construction du livre
J’ai aimé lire ce livre si bien écrit, mais il a fallu qu’il murisse en moi. Je relirai d’autres livres de J.M.G. LE CLEZIO