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L'Ardenne, ses brumes, ses forêts, sa lenteur. Les cités endormies dans les boucles de la Meuse s'enfoncent dans le temps, entre mystères et légendes. C'est dans une de ces villes, Feil, que le narrateur, fils de putain, grand amateur de Baudelaire et de Nerval, va tenter d'oublier Paule qui vient de mourir dans la splendeur de ses trente ans. En 1999, Philippe Claudel avec ce premier roman fait son entrée remarquée en littérature.
Chant d'amour, célébration de la femme, de la sensualité, de la mémoire et de la poésie, Meuse l'oubli est aussi un hommage aux gens de peu, aux existences modestes et aux paysages qui sont les reflets de nos âmes.
Délicat, et grave
« Puis dans les jardins de Lochristi, parmi les anthémis jaunes, Paule est venue. Paule est venue bien des années plus tard, verser l’oubli sur tout cela, sur la lie et la boue, Paule qui était la vérité et l’onguent. »
Premier roman de Philippe Claudel, quelques petites maladresses, mais déjà la " patte Claudel» .C’est inutile de chercher matière à rire, chez lui, c’est la tristesse, le malheur, la noirceur qui dominent….mais quel talent !!
Philippe Claudel nous parle du deuil, de la perte, et du long chemin vers le renoncement, l’acceptation. Le narrateur meurtri par la perte de Paule, sa bien-aimée, fuit, pour se poser là où Paule ne se rappellera pas à lui…Et pourtant, Paule est partout.
Ce deuil de la femme aimée, est aussi l’occasion du deuil de la mère, de ses blessures d’enfance ; lui qui n’a jamais été autre chose que « Filsaputain »
Le déroulé de ce court roman, est assez lent, mais cependant fluide aidé par de courts chapitres, et d’un phrasé aux mots percutants, choisis, presque taillés sur mesure pour mieux coller aux divers personnages.
A chaque fois Claudel me surprend car il se renouvelle, à chaque fois il sait trouver juste ce qu’il faut de gravité et soyeux pour me toucher, et me donner envie d’y revenir au plus vite.