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Avoir dans les yeux une lumière qui fasse réapparaître le
temps, revivre des ombres, des rires, des apparences, des
situations, voire une passion... Nous sommes bien éloignés de
la science-fiction de Wells : il suffit à la narratrice de prendre
le train (à vapeur) pour aller frapper à la porte du poète qu'elle
admire entre tous, et qu'elle eût aimé connaître. Les années, ni
la logique des choses, ni même la mort ne résistent à la
fantasia de l'imaginaire.
A Saint-Benoît, Mlle Infrarouge
frappe à la porte de Max Jacob, que lui ouvre sa logeuse,
l'encombrante et dévouée Mme Persillard, c'est son nom, le
poète ne l'a pas inventé. La fantasmagorie exige le réalisme.
Incomparable connaisseuse de l'auteur du Cornet à dés et du
Laboratoire central, Lina Lachgar s'autorise en poète cette
"divagation" comme eût dit Mallarmé, à propos (pas toujours à
propos, on ne refait pas Max !) des cerises du jardin, du péché,
de la pauvreté, de la vie parisienne du poète, de Dieu et de la
beauté des garçons.
Des pages éclairées par l'humour, la
cocasserie, voilées d'une émotion murmurée.