« Des bonnes histoires on en trouve partout, dans chaque poubelle, il y en a plein les journaux, plein les rues, plein les maisons, il suffit de se pencher pour les ramasser. Et des types qui savent les faire tenir debout, on en voit des files entières se pressant devant la porte des producteurs. Non, un bon film, comme un bon livre, ne tient qu’à la manière, au regard, au rythme, au plan, à la langue, à la lumière, au temps, à la phrase. Et éventuellement aux personnages. Le reste n’était qu’anecdote. »
Voilà pour le credo des Lisières : pas d’histoire, pas d’intrigue.
Du coup pas de roman, ou un sorte de récit romancé. Il faudrait inventer un genre pour désigner cette manière de faire, typiquement française, la manière qu’ont les écrivains français à se raconter, pour ne pas dire à se « la » raconter, à se mettre en scène, à s’exposer. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : Les Lisières est un roman d’exposition. Ne pas aimer ce livre, c’est ne pas aimer son auteur personnellement, ses valeurs, son regard sur le réel, les bouts de son histoire. Ne pas aimer ce livre, c’est immédiatement trouver Olivier Adam antipathique et le détester en tant qu’homme, tant sa démarche est authentique, radicale et pleine de lui-même. On pourrait parler aussi de narcissisme, de complaisance, car ce souci de soi est si envahissant, si sérieux, si grave, qu’il ne peut qu’attendrir ou irriter.
Un roman sensible et actuel
Dans ce roman, Olivier Adam dresse, avec sincérité et humilité, le portrait d' un homme "aux lisières" de son temps. Au fil des rencontres se dessine un portrait original de la France d' aujourd'hui, celle des banlieues en particulier. Mais le roman est aussi une réflexion sur la distance qui sépare l' auteur de son milieu d' origine comme du milieu qu'il a choisi. L'écriture peut-elle expliquer cette distance, et amener à une nouvelle compréhension du monde ?