La force et l’originalité du roman de Catherine Mavrikakis résident dans la construction en un roman polyphonique varié. Quatre voix s’expriment autour d’un même évènement. Smokey Nelson, auteur d’un meurtre affreux d’une famille complète, mère, père et deux jeunes enfants dans un hôtel d’Atlanta va être exécuté après 19 ans d’emprisonnement.
C’est Sydney Blanchard qui entame ce récit en discutant avec sa chienne Betsy. Sydney est né le jour de la mort de Jimi Hendrix. Enfant, on le disait habité d’un fantôme. Il fut le premier accusé de la tuerie d’Atlanta
avant que Smokey soit arrêté. Son discours est violent, agressif pendant tout son voyage qui le ramène à La Nouvelle Orléans.
Pearl Watanabe est née de père japonais et de mère américaine. Elle travaillait dans l’hôtel où Smokey a commis son meurtre. Elle a bavardé et même badiné avec le meurtrier ce jour-là. Elle vit à Hawaï mais revient justement voir sa fille dans le Sud des Etats-Unis au moment où Smokey va être condamné à mort. Son récit et celui de Tamara, sa fille sont beaucoup plus construits et agréables. Même si sa fille tente de lui cacher l’évènement pour que Pearl ne revive pas ce jour maudit du meurtre, la rencontre est inévitable. Pourquoi Smokey l’a -t-il épargnée ce jour-là ?
" Elle aurait voulu dire que les humains sont faits de moments, que le bien et le mal ne sont pas inséparables et qu’il y avait en ce garçon une véritable bonté que son père Watanabe et sa mère avaient appris à Pearl à reconnaître chez les autres."
Puis vient le tour de Ray, le père de Sam, la femme qui a été tuée sauvagement avec ses deux enfants et son mari. C’est en fait Dieu qui parle à son fils Ray. Mais ce Dieu est violent, raciste, sexiste. C’est dans une Géorgie très croyante que Ray fut élevée. Une religion qui n’accepte pas le suicide de son père, qui relègue la femme à son rôle de servante et qui accuse les Noirs et les homosexuels. Une fois de plus, le discours est violent, fanatique bien que Ray se pose certaines questions sur le sens de cette dégénérescence.
Après plusieurs chapitres alternés sur chaque voix, Smokey Nelson s’exprime sur la vie en prison, le déroulement de cette dernière journée du condamné. Il évoque de manière très calme le soutien de sa sœur, son procès, sa sérénité face à la mort imminente.
Ce roman m’a un peu étonnée. J’ai apprécié la construction, le lien sur la chronicité des évènements, la vision d’une Amérique ( le Sud ) un peu rétrograde, encore très empreinte d’une religion coercitive et de racisme alors qu’Obama sera prochainement président.
Je regrette que l’auteur n’ait pas abordé davantage le point de vue de Smokey. J’aurais aimé en savoir davantage sur ses états d’âme. Pourquoi a-t-il commis ce crime sauvage, pourquoi a-t-il épargné Pearl ?
L’auteur démontre dans cette construction qu’au-delà des victimes, toutes les personnes directement concernées par un tel drame se trouvent gravement perturbées au point que la mort semble une douce consolation.
Critique d'une lectrice
1- Quel est le pitch du livre ?
2- Que pensez-vous de l'auteur ? (style d'écriture, construction de l'histoire) ?
3- Quel est votre avis sur le livre ?
Roman puissant et troublant à l'image du continent dont il est l'écho. C'est une histoire qui vous hante encore longtemps après que vous l'ayez finie.
4- Citez votre passage préféré