Né en Yougoslavie à la fin des années 70, Sasa Stanisic doit fuir Visegrad et la guerre civile, en 1992, avec sa famille : son père serbe et sa mère bosniaque. Exilé en Allemagne, c'est dans une nouvelle langue qu'il écrit Le Soldat et le gramophone, un premier roman aux accents autobiographiques.
Jeune garçon curieux, Aleksandar Krsmanovic -le narrateur- nous guide dans une étonnante épopée.
Sa voix vive et impertinente traverse ce roman kaléidoscopique et nous expose le quotidien d'une famille de Visegrad sous de multiples facettes. La Yougoslavie des temps de paix, les déchirements
de la guerre civile puis l'exil prennent corps dans son récit.
A son grand-père paternel adoré, Aleksandar avait fait la promesse de ne jamais arrêter de raconter ; quelques heures avant sa mort, le vieil homme avait offert à l'enfant une baguette et un chapeau de magicien : "L'invention, c'est le don le plus précieux, l'imagination la plus grande des richesses, retiens bien ça, Aleksandar, avait dit grand-père d'un ton grave en me posant le chapeau sur la tête, retiens bien ça et imagine un monde plus beau."
Mais que faire quand survient la violence des hommes ?
Que voit un enfant d'une guerre où les soldats abattent les vieillards puis réparent les gramophones ?
Les années d'exil à Essen seront un apprentissage -violent- pour l'adolescent apatride venant d' "un pays qui n'existe plus à l'endroit où [il a ]vécu." Dans cette ville où l'on remercierait presque les mauvaises herbes de pousser entre les pavés, Aleksandar va s'approprier un nouvel espace linguistique :" Je collectionne les mots de la langue allemande. Faire une collection, ça fait oublier les réponses qui me pèsent et les idées noires qui me viennent quand je pense à Visegrad (?) "
Une des plus belles et fortes présences dans le roman est celle de la Drina. Nous lisons là un hommage à Ivo Andric * et découvrons un élément indissociable d'Aleksandar, fantasque et intrépide, comme l'a été ce cours d'eau qui baigne les rives de sa ville natale.
" Face au chaos du monde, une écriture s'affirme qui n'enferme en rien le livre dans un mausolée nostalgique d'une enfance perdue. Bien au contraire. Multipliant les voix de la narration, elle ouvre tout un champ des possibles. "
* Ivo Andric, Prix Nobel de littérature en 1961, auteur du roman Le Pont sur la Drina. Bien au contraire. Multipliant les voix de la narration, elle ouvre tout un champ des possibles.
Né en Yougoslavie à la fin des années 70, Sasa Stanisic doit fuir Visegrad et la guerre civile, en 1992, avec sa famille : son père serbe et sa mère bosniaque. Exilé en Allemagne, c'est dans une nouvelle langue qu'il écrit Le Soldat et le gramophone, un premier roman aux accents autobiographiques.
Jeune garçon curieux, Aleksandar Krsmanovic -le narrateur- nous guide dans une étonnante épopée.
Sa voix vive et impertinente traverse ce roman kaléidoscopique et nous expose le quotidien d'une famille de Visegrad sous de multiples facettes. La Yougoslavie des temps de paix, les déchirements de la guerre civile puis l'exil prennent corps dans son récit.
A son grand-père paternel adoré, Aleksandar avait fait la promesse de ne jamais arrêter de raconter ; quelques heures avant sa mort, le vieil homme avait offert à l'enfant une baguette et un chapeau de magicien : "L'invention, c'est le don le plus précieux, l'imagination la plus grande des richesses, retiens bien ça, Aleksandar, avait dit grand-père d'un ton grave en me posant le chapeau sur la tête, retiens bien ça et imagine un monde plus beau."
Mais que faire quand survient la violence des hommes ?
Que voit un enfant d'une guerre où les soldats abattent les vieillards puis réparent les gramophones ?
Les années d'exil à Essen seront un apprentissage -violent- pour l'adolescent apatride venant d' "un pays qui n'existe plus à l'endroit où [il a ]vécu." Dans cette ville où l'on remercierait presque les mauvaises herbes de pousser entre les pavés, Aleksandar va s'approprier un nouvel espace linguistique :" Je collectionne les mots de la langue allemande. Faire une collection, ça fait oublier les réponses qui me pèsent et les idées noires qui me viennent quand je pense à Visegrad (?) "
Une des plus belles et fortes présences dans le roman est celle de la Drina. Nous lisons là un hommage à Ivo Andric * et découvrons un élément indissociable d'Aleksandar, fantasque et intrépide, comme l'a été ce cours d'eau qui baigne les rives de sa ville natale.
" Face au chaos du monde, une écriture s'affirme qui n'enferme en rien le livre dans un mausolée nostalgique d'une enfance perdue. Bien au contraire. Multipliant les voix de la narration, elle ouvre tout un champ des possibles. "
* Ivo Andric, Prix Nobel de littérature en 1961, auteur du roman Le Pont sur la Drina. Bien au contraire. Multipliant les voix de la narration, elle ouvre tout un champ des possibles.