La disparition récente de Fidel Castro donne une résonance très particulière au roman de Frédéric Couderc "Le jour se lève et ce n'est pas le tien".
Deux histoires se dévoilent en parallèle, celle de Dora Parker et celle de son fils Leonard, un obstétricien de renom, installé à New York avec sa femme et ses enfants .
Nous sommes en 2009, Dora vient de s'éteindre mais ses dernières volontés ne manquent pas d'enflammer ses proches. Son fils et sa belle fille se voient contraints d'exaucer ses dernières volontés, non sans surprise. Elle a tout simplement décidé d'être enterrée
loin de son quartier New Yorkais, dans un cimetière normalement réservé aux cubains. Pourquoi une telle demande? Leonard est officiellement né de père inconnu, il n'a pas réellement cherché à connaître ses origines car sa mère l'en a toujours dissuadé. Aujourd'hui, il ressent pourtant ce besoin sauvage d'en savoir davantage.
Nous voici donc maintenant embarqués en 1959 dans le Cuba en pleine révolution. Batista a été chassé, provoquant vers Miami une vague de désertion de cubains. L'arrivée de Fidel Castro est triomphale, mais il n'est pas seul à œuvrer, il est secondé par le Ché et l'étonnant Camilo Cienfuegos. Dora a-t-elle vécu cette révolution? Issue d'une famille richissime proche des idéaux de Batista, a-t-elle été forcée de fuir son pays pour échapper à la mort? C'est pourtant une autre raison qui la pousse à prendre cette décision, elle doit se protéger, car une dictature évincée peut toujours en cacher une autre.
A New York, Alice, la femme de Leonard, poursuit ses investigations afin d'aider son mari à dénouer les fils de son histoire. Mais il est toujours risqué de vouloir réanimer les fantômes du passé, les tortionnaires semblent avoir la vie dure. Alice ne va t-elle pas, dans sa quête, propulser son mari dans la gueule du loup pour qu'il approche enfin la vérité? Leonard en découvrant qui était son père permettra au moins à ses fils de savoir qu'ils ont pour héritage une légende qui croyait au devenir de l'humanité, un homme déterminé à faire l'histoire, et ce sera une sacrée belle leçon dans un monde où on ne pense qu'au fric.
J'aime cette liberté offerte au romancier, celle qui lui permet, tout en respectant la grande histoire, de redonner vie à des héros partis trop tôt, de les remettre dans la lumière, de ne pas les laisser croupir dans l'ombre et l'oubli, de leur donner une juste place dans leur combat noble et pourtant perdu. L'histoire mouvementée de Cuba ne peut pas uniquement se résumer à ses dictateurs et tortionnaires, car il existe et existera toujours des hommes animés par la ferveur de semer le bien et il est juste de ne pas les délaisser.
SYLVIE LAVAINE (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
La disparition récente de Fidel Castro donne une résonance très particulière au roman de Frédéric Couderc "Le jour se lève et ce n'est pas le tien".
Deux histoires se dévoilent en parallèle, celle de Dora Parker et celle de son fils Leonard, un obstétricien de renom, installé à New York avec sa femme et ses enfants .
Nous sommes en 2009, Dora vient de s'éteindre mais ses dernières volontés ne manquent pas d'enflammer ses proches. Son fils et sa belle fille se voient contraints d'exaucer ses dernières volontés, non sans surprise. Elle a tout simplement décidé d'être enterrée loin de son quartier New Yorkais, dans un cimetière normalement réservé aux cubains. Pourquoi une telle demande? Leonard est officiellement né de père inconnu, il n'a pas réellement cherché à connaître ses origines car sa mère l'en a toujours dissuadé. Aujourd'hui, il ressent pourtant ce besoin sauvage d'en savoir davantage.
Nous voici donc maintenant embarqués en 1959 dans le Cuba en pleine révolution. Batista a été chassé, provoquant vers Miami une vague de désertion de cubains. L'arrivée de Fidel Castro est triomphale, mais il n'est pas seul à œuvrer, il est secondé par le Ché et l'étonnant Camilo Cienfuegos. Dora a-t-elle vécu cette révolution? Issue d'une famille richissime proche des idéaux de Batista, a-t-elle été forcée de fuir son pays pour échapper à la mort? C'est pourtant une autre raison qui la pousse à prendre cette décision, elle doit se protéger, car une dictature évincée peut toujours en cacher une autre.
A New York, Alice, la femme de Leonard, poursuit ses investigations afin d'aider son mari à dénouer les fils de son histoire. Mais il est toujours risqué de vouloir réanimer les fantômes du passé, les tortionnaires semblent avoir la vie dure. Alice ne va t-elle pas, dans sa quête, propulser son mari dans la gueule du loup pour qu'il approche enfin la vérité? Leonard en découvrant qui était son père permettra au moins à ses fils de savoir qu'ils ont pour héritage une légende qui croyait au devenir de l'humanité, un homme déterminé à faire l'histoire, et ce sera une sacrée belle leçon dans un monde où on ne pense qu'au fric.
J'aime cette liberté offerte au romancier, celle qui lui permet, tout en respectant la grande histoire, de redonner vie à des héros partis trop tôt, de les remettre dans la lumière, de ne pas les laisser croupir dans l'ombre et l'oubli, de leur donner une juste place dans leur combat noble et pourtant perdu. L'histoire mouvementée de Cuba ne peut pas uniquement se résumer à ses dictateurs et tortionnaires, car il existe et existera toujours des hommes animés par la ferveur de semer le bien et il est juste de ne pas les délaisser.
SYLVIE LAVAINE (CULTURE-CHRONIQUE.COM)