Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
Quand un personnage de roman rencontre au cours de ses aventures les lecteurs de sa propre histoire, comme cela arrive au Don Quichotte de Cervantès,...
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Quand un personnage de roman rencontre au cours de ses aventures les lecteurs de sa propre histoire, comme cela arrive au Don Quichotte de Cervantès, il sort conforté, magnifié, enrichi de cette rencontre ; et la littérature tout entière s'avère alors être une fontaine miraculeuse qui s'alimente elle-même.
Dans le Jeu de la facilité, le cas est exactement inverse : dans les temps de barbarie qui sont les nôtres, et qui sont ici impitoyablement disséqués, le chemin est contraire : la demande de culture, l'image de la littérature y précèdent les personnages, viennent commander le texte, contraindre l'auteur, et canaliser le geste de l'éditeur. Soit en effet un roman, écrit sur mesure, création d'un " nègre " par surcroît : que vaudra-t-il pour son auteur commanditaire, qui s'en veut la source, sinon de la fausse monnaie, qu'il ne pourra que redistribuer ? Ce vertige de la stérilisation de la pensée et de la falsification littéraire que dénonce Pia Petersen dans cette machine infernale qu'elle a inventée pour refléter notre époque montre implacablement comment risquent de se perdre et le charme de la littérature et sa substance même. Mais en contre-jour, et par la violence même du contraste, surgissent ici l'exigence et l'appétit d'une littérature libérée de ce joug... Et de cette littérature là, le Jeu de la facilité est plus qu'annonciateur. Il en donne déjà l'exemple.