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Le sujet est lourd et le procédé complexe, "La Lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne en trame de fond. Tant que je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre avec ce roman. L'auteure souhaitait-elle étaler son savoir ou était-ce un prétexte pour mettre en place une histoire qui résonne en chacun de nous, la souffrance de l'existence? C'est dans cet état d'esprit que j'ai commencé ma lecture.
Paisible: Voilà l'adjectif qui me vient immédiatement en tête lorsque je songe à cette lecture. C'est le sentiment de sérénité qui m'a suivi durant toute ma lecture et qui reste omniprésent
une fois le livre refermé. Nous découvrons, en même temps que Pauline, le personnage principal de "La Transcendante", Boston et son atmosphère, son Histoire, sa culture à travers l'oeuvre et la vie de Nathaniel Hawthorne. Avec Georgia, ancienne professeur de littérature à la retraite, personnage farfelu, que nous nous baladons dans les rues de Boston, sous un soleil de plomb où passé et présent se côtoient et où la littérature et le mouvement transcendantaliste (mouvement littéraire, spirituel, culturel et philosophique qui a émergé aux États-Unis, en Nouvelle-Angleterre, dans la première moitié du XIXe siècle) sont omniprésents. Dans la bouche de Georgia, Boston prend une autre dimension et donne envie au lecteur de découvrir un jour cette ville en vrai.
C'est "La Lettre écarlate" de Hawthorne qui conditionne ces balades ainsi que le désir qu'a Pauline de découvrir quelque chose sur cette oeuvre. Elle ne le sait pas exactement quoi mais elle est venue à Boston, dans un désir de savoir. Seul vestige de l'incendie de son appartement et de sa vie en général, elle est intimement persuadée que "La Lettre écarlate" possède un message. C'est ainsi que l'auteure nous retranscrit de longs passages du fameux roman de Hawthorne jusqu'à nous raconter l'intégralité de l'histoire. Ce parti pris, rare dans la littérature pour être souligné, peut sembler étrange, soporifique et lourd mais, au fil des pages, les portes s'ouvrent et les liens se font évidents entre l'histoire du roman et la vie de Pauline. Nous la retrouvons également dans celle de Georgia et finalement dans celle de chacun d'entre nous, une blessure difficile à cicatriser mais qui fait de nous ce que nous sommes. Un mal nécessaire pour avancer.
Les personnages de "La Transcendante" sont particulièrement marquants. Pauline est perdue et est parfois dure, voire impolie, envers Georgia. Ce qu'elle ne comprend pas, elle le retourne contre elle, sans essayer de comprendre les raisons de sa "bizarrerie". Cette attitude est difficile à concevoir par le lecteur mais fait de Georgia un être d'autant plus attachant. Comme une bonne fée, elle passe toujours sur les impolitesse de Pauline et finalement lui apprendra ce qu'elle était venue chercher.
Il y a aussi le personnage de Blake, nietzschien convaincu, vivant dans l'instant et ne prenant en compte ni passé ni avenir. Tout en retenu, il a une philosophie de vie diamétralement opposée à celle de Georgia et propose ainsi à Pauline une autre façon de voir la vie et une piste qui lui permettra de tourner la page sur un passé douloureux.
"La Transcendante" est un roman étonnant. Il est difficile d'expliquer en peu de mot ce qui fait sa force tant il foisonne de détails et de sentiments en moins de 300 pages. Certains le trouveront pompeux et "m'as-tu-vu", comme moi au début de ma lecture, d'autres retiendront d'avantage son caractère bienveillant et son atmosphère sereine qui transpirent de ces pages. C'est finalement ce que je retiendrai de cet ouvrage. Dans tous les cas, il ne laissera personne indifférent...
Les marques du passé
Qu’il va m’être difficile de donner un avis sur ce roman ! Parce que je me suis vraiment laissée adoucir par certains aspects et quelques points m’ont laissée dubitative.
Commençons par les points que j’aime le moins.
L’auteur est mi américaine, mi française et comme son roman se passe à Boston, elle s’est crue obligée de faire parler certains personnages en anglais en traduisant mot pour mot aussitôt après par l’intermédiaire du personnage français. Et pourtant, lorsqu’elle ne le fait pas lors de la conversation entre Blake (américain) et Pauline (française), je me suis tellement mieux plongée dans le discours.
Le second écueil est une tendance à frôler parfois le sentimentalisme et la facilité. Sentimentalisme dans la relation entre Blake et Pauline et facilité sur les explications philosophiques et le récit un peu long du roman de Nathaniel Hawthorne.
Par contre, j’aime l’idée de départ qui nous mène sur un ensemble d’exemples de traces physiques de la douleur. Les plus évidentes sont celles d’ Hester Prynne, héroïne du roman de Nathaniel Hawthorne, La lettre écarlate puisque celle-ci, jugée pour adultère par l’Amérique puritaine a dû coudre un A rouge flamboyant pour stigmatiser sa faute, puis celles de Pauline, marquée dans sa chair par l’incendie de son appartement. Mais en lisant ce récit, vous trouverez d’autres marques de douleur qui explique les accoutrements bizarres de la fantasque Georgia.
Auprès de Georgia, une vieille "professeur en littératures et en bizarrerie" et Blake, ex-professeur de philosophie, Pauline va au fil des visites sur les traces d’Hawthorne et des conversations pouvoir extérioriser sa douleur.
Faut-il "pratiquer l’art de l’oubli", "utiliser le temps à bon escient, équilibrer la force du souvenir et la force de l’oubli" ou "justement rien oublier" ?
Avec son âme d’artiste, l’auteur nous emmène sur les lieux historiques des Transcendantalistes ( courant littéraire américain de la Nouvelle-Angleterre du XIXe) rencontrer Hawthorne mais aussi Thoreau, Alcott, Emmerson …, visiter Salem, Arlington, Sleepy Hollow avec chaque fois des anecdotes du passé.
Pour ne pas être en reste sur sa partie française, les évocations de Paris sont tout aussi magiques avec les bancs du parc Montsouris qui susurrent des phrases d’amour en 10 langues ( oeuvre de Boltanski en 2006 pour l’inaiguration du tramway) ou le Paris de Modiano,
Dire que je me suis laissée convaincre par l’environnement littéraire des Transcendentalistes, par le charme ainsi évoqué de Boston et de Paris, par les marques ineffaçables des vies de Pauline, Georgia et Hester est une évidence.
Alors, même si ce roman a quelques faiblesses, il me laisse le souvenir d’un charmant moment de lecture.
" Je suis sûr que ce bon vieux Nathaniel est très content. Ce n’est pas tous les jours qu’un aussi bel hommage est rendu à son roman."