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Nous vivons aujourd'hui une véritable contre-révolution. Depuis les années 1980, les plus riches n'ont en effet cessé d'accroître leur part des revenus et des patrimoines, inversant la précédente tendance séculaire à la réduction des écarts de richesse. Les facteurs économiques et sociaux qui ont engendré cette situation sont bien connus. Mais la panne de l'idée d'égalité a aussi joué un rôle majeur en conduisant insidieusement à délégitimer l'impôt et les actions de redistribution.
Du même coup, la dénonciation d'inégalités ressenties comme inacceptables voisine avec une forme de résignation et un sentiment d'impuissance. Il n'y a donc rien de plus urgent que de refonder l'idée d'égalité pour sortir des impasses du temps présent. L'ouvrage contribue à cette entreprise d'une double façon. En retraçant l'histoire des deux siècles de débats et de luttes sur le sujet, il apporte d'abord un éclairage inédit sur la situation actuelle.
Il élabore ensuite une philosophie de l'égalité comme relation sociale qui permet d'aller au-delà des théories de la justice qui, de John Rawls à Ainartya Sen, ont jusqu'à présent dominé la réflexion contemporaine. Il montre que la reconstruction d'une société fondée sur les principes de singularité, de réciprocité et de communalité est la condition d'une solidarité plus active.
La société des égaux
Il y a un creusement des inégalités, le constat est largement partagé au sein de la population.
Pourtant, comme le souligne Pierre Rosanvallon, on est aujourd’hui confronté au « syndrome Bossuet » puisque tout en constatant bien les conséquences de ce phénomène, on ne cherche pas à en combattre les causes.
A travers cette étude passionnante, l’auteur retrace l’histoire des inégalités et de la démocratie de la fin du XVIIIe à nos jours.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle a conduit à une aggravation des inégalités. A un point tel que la société avait le sentiment d’être coupée en deux. Confrontée à la crainte d’une révolution sociale, un tournant s’opère à la fin du XIXe siècle, lorsqu’une partie des dirigeants décide d’adopter d’importantes avancées sociales.
Durant presque un siècle, des mesures conduisent à une réduction des inégalités (Redistribution par un impôt progressif sur le revenu, Etat providence etc.). Seulement, un nouveau changement a lieu à partir des années 80 où l’on assiste alors à ce qu’on pourrait définir comme une contre-révolution : le délitement des réformes qui visaient à réduire les inégalités. Désormais confronté à une situation où l’essentiel des richesses profitent surtout à une toute petite minorité de la population.
Pierre Rosanvallon expose alors le changement de société qu’il faudrait adopter afin d’éviter la totale décomposition de celle-ci. Un ouvrage saisissant à lire absolument.