« Quand il contemple la ville, Monsieur Linh ne cesse de penser à son ami, le gros homme. Et quand il regarde la mer, il ne cesse de penser à son pays perdu. Aussi la vue de la mer et de celle de la ville le rendent-elles pareillement triste. Le temps passe et creuse en lui un vide douloureux. Bien sûr il y a la petite, et pour elle il faut être fort, faire bonne figure, lui chanter la chanson comme si de rien n’était. Il faut être gai pour elle, lui sourire, la faire manger, veiller à ce qu’elle dorme bien, à ce qu’elle grandisse, à ce qu’elle devienne une belle enfant. Mais
le temps est là, qui blesse l’âme du vieil homme, ronge son cœur et abrège son souffle.»
Hors de tout repère temporel et spécial, nous n’avons que notre vieil homme qui porte avec délicatesse contre lui une petite fille, et un homme accablé par le chagrin. De ce dépouillement va pouvoir éclore l’amitié, la tendresse, l’amour, la délicatesse, et infinies petites choses indéfinissables. Philippe Claudel, parvient, avec des mots simples, de courtes phrases, à toucher au cœur, à faire du tendre avec du douloureux, à rester délicat et sobre dans l’intime. Il parvient à surprendre le lecteur jusqu’aux dernières lignes sans tomber dans le grotesque.
Comme quelques-uns des cents regrets, mais dans un registre différent, ce livre est une caresse accueillie avec d’autant de bonheur que ces caresses littéraires sont rares en ce moment. Un livre précieux… et comme Philippe Claudel me l’écrit en dédicace « à prendre contre soi ». Merci, tout simplement.
UN CHEF D'OEUVRE
Une perle ! J'ai ADORE. C'est attendrissant, on s'attache à ce vieil homme et à son "compagnon" de route. La chute est bouleversante et complètement inattendue. Je le recommande + ++++