On peut être un vitellone confirmé, un ivrogne invétéré, un séducteur patenté, et pourtant faire partie des rares élus choisis par la Sainte Vierge pour leur apparaître. L'exemple en est fourni par Lazare Santandrea. Bien sûr, quand la Madone se présente devant lui, il est ivre mort sur le banc d'un square, mais quand même. Il suffit d'un journaliste avec de l'imagination, d'un petit miracle, réel ou
imaginaire, pour que le visionnaire devienne une star des médias, un phénomène de foire qui s'exhibe dans les night-clubs pour raconter son
aventure aux foules crédules. Pourtant, ce n'est pas le chemin du paradis. Plutôt la route vers l'enfer. Car les Madones ne sont pas forcément habitées des meilleures intentions. Il y en a même dont la
compagnie peut s'avérer fatale. Lazare veut arrêter les frais : il réunit tous ses amis pour un repas, qu'il espère être le dernier, le dernier de son Tour de visionnaire. Mais il sait que ses ennuis ne finiront pas pour autant, et qu'un jour, quelqu'un devra régler l'addition. L'addition du Dernier Repas. Et il sait aussi que parmi tous les amis présents à la table, l'un d'eux le trahira. On retrouve dans La Madone assassine le décor et les personnages du Sens de la formule : Lazare Santandrea, le double littéraire de l'auteur, sa famille, mère, grand-mère, chien, ses amis, au premier rang desquels le pittoresque Pogo le Juste. Celui-ci vient d'être père, et le baptême de l'enfant constitue justement le point de départ de l'histoire, dans laquelle Lazare a trente-trois ans, l'âge du Christ à sa mort. Best-seller en Italie, La Madone assassine confirme le génie iconoclaste d'Andrea G. Pinketts et l'ambition littéraire d'une œuvre qui ne cesse, avec un brio et un humour extraordinaires, d'exorciser les maux de la société qu'elle met en scène.