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La fascination de l'Allemagne pour l'Inde qui s'était manifestée ponctuellement à l'époque des Lumières et du préromantisme (Sturm und Drang) s'est amplifiée considérablement autour de 1800 par la conjonction de deux facteurs : d'une part, l'éveil du sentiment national en terre germanique dans le contexte des guerres révolutionnaires et napoléoniennes ; d'autre part, l'observation, plus ou moins scientifique, d'affinités entre l'allemand et le sanscrit.
On se mit en quête d'une antiquité mythique, " indogermanique ", supérieure aux antiquités classique et biblique qui avaient jusque là servi de référence aux Allemands, comme aux autres peuples d'Occident. Les études réunies dans le présent volume explorent les différentes impulsions sorties du mythe " indogermanique ". Contrairement à ce qu'on pourrait croire, le tableau est très diversifié. L'Inde a servi de modèle à des projets non seulement de repyramidage social au profit d'" élites ", mais aussi de fraternisation universelle sous le signe de la non-violence.
Elle fut même considérée comme laboratoire probable, à terme, du " socialisme scientifique " pour l'Orient. Autour de 1900, les grandes visions ont, en partie, fait place aux aspects " curieux ", mais elles n'ont jamais disparu totalement, y compris dans le registre humaniste. D'une certaine manière, les Indes fabuleuses des XVIIe et XVIIIe siècles étaient de retour, mais rehaussées de la couleur locale recueillie dans les voyages et de l'érotisme trouble caractéristique de l'époque.
Le présent volume rend compte de l'" indomanie " allemande dans sa diversité. L'illusion rétrospective du vrai qui veut que toutes les composantes de la culture allemande, perverties " massivement " sous le IIIe Reich, aient contribué à son avènement est dissipée - mais sans que ne soit jamais perdue de vue, bien sûr, la dangerosité intrinsèque de certains registres de cette " indomanie ".