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A partir du génocide des Arméniens, l'auteur s'interroge : si le projet génocidaire est bien celui qui programme, au-delà du meurtre de tous les vivants d'un groupe, la destruction des fondements mêmes de la transmission, quelles sont les conséquences psychiques d'une telle mise en place pour les héritiers des survivants ? En effet, lorsque les génocidaires, par-delà le meurtre, mettent en place la déshumanisation puis la disparition des corps morts, ne tentent-ils pas de rendre toute symbolisation de la Mort, autrement dit tout deuil de ces morts impossible, contraignant ainsi leurs héritiers à offrir leurs propres corps en guise de sépultures ? Cependant la Mort, rendue de cette façon non symbolisable pour les héritiers des victimes, ne l'est-elle pas tout autant pour ceux des génocidaires qui, en ce cas, héritent à la fois d'une falsification de leur histoire et d'un charnier de morts déniés ? S'il en est bien ainsi, les héritiers des uns et des autres se trouveraient pris dans une même scène de meurtre qui les unirait et hanterait leur imaginaire comme retour toujours possible, dans le Réel, de ce meurtre génocidaire qui, toujours dénié, est resté comme en suspens de symbolisation.
Dés lors, peut-on encore penser que les uns puissent, sans l'appui des autres, sortir de cette emprise qui perdure depuis 1915 et dont ils sont ensemble les victimes ?