En cours de chargement...
La plupart du temps, la vie engloutit nos rêves : la pression sociale et le poids du quotidien les étouffent dans l'oeuf sans leur donner la moindre chance d'éclore. Mais il arrive aussi qu'en un sursaut décisif l'individu noyé dans la masse renoue avec le fil de son destin singulier. En découvrant ces nouvelles, vous croiserez des êtres à fleur de peau, pris dans les filets de leurs névroses, souvent boiteux de n'avoir pas été assez aimés, ou encore déshumanisés par le culte de la technologie, qui s'est imposé au coeur de notre intimité.
Des résistants qui veulent encore croire à leurs rêves. Et qui, en déjouant la fatalité, jettent un regard parfois féroce sur notre époque. Une star de la chanson hantée par un avortement, un mari troublé par l'apparition d'un canapé dans le salon conjugal, un patient confronté à l'indifférence de son médecin, une mère accusée de maltraitance envers son fils, une employée vieillissante acculée au suicide, une attachée de presse scotchée aux réseaux sociaux, un père réduit en esclavage par sa fille de sept ans, un peintre en panne d'inspiration qui prend soudain goût à la vie...
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE CHRONIQUE
La nouvelle est un genre difficile qui demande de développer l’essentiel en quelques pages. Elle constitue aux Etats-Unis un formidable laboratoire d’expérimentation littéraire où des auteurs comme Stephen King ont pu faire leur preuve. En France, en revanche, la nouvelle a perdu progressivement ses lettres de noblesse alors même qu’elle firent une partie de la carrière d’un auteur comme Maupassant.
Hugues Royer nous propose dans son recueil intitulé “Et les rêves prendront leur revanche” des nouvelles courtes et franchement efficaces. On se laisse embarquer par ces instantanés de vie qui en quelques pages nous entrainent au coeur de notre modernité. Parfois les premières lignes vous sautent à la gorge comme un chat sauvage et les chutes sont parfois bouleversantes. Royer possède ce talent particulier de faire pénétrer le lecteur dans ce monde qui est le nôtre. Un monde où des personnes souffre de surpoids, où les pères découvrent que la lenteur de leurs enfants peut avoir du bon, où le respect dans les entreprises peut être remplacé par un sadisme bon teint qui peut pousser au meurtre, où un petit garçon peut avoir la chance de s’appeler Archibald, et où l’on apprend que les matons de Fleury-Mérogis ne sont pas plus dignes de confiance que le personnel du Royal Montceaux.
L’efficacité narrative de Royer exige que vous consacriez quelques heures à ce recueil car vous risquez fort de ne pouvoir interrompre votre lecture. L’écrivain possède cette faculté de peindre en quelques lignes les contradictions, les beautés et le tragique de l’existence. Sans doute est-ce aussi une excellent coup de sonde dans cette société qui est la nôtre en ce début de XXI eme siècle. Il ne s’agit pas pour Royer de proposer une analyse sociologique de notre époque mais plutôt de mettre en situation nos contemporains face aux évolutions sociales et technologiques qu’ils subissent. Une oeuvre puissante et bouleversantes dont la lecture est une véritable expérience littéraire.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)