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Romain Rolland (1866-1944) et Stefan Zweig (1881-1942) : deux écrivains européens parmi les plus brillants de la première moitié du XXe siècle. D'un côté, un grand prosateur français, de l'autre, son plus grand disciple autrichien. Réunis par un même amour des lettres, ils vont entretenir une amitié de plus de trente ans, malgré les ruptures engendrées par les guerres et les désaccords politiques.
Deux hommes animés par une même exigence viscérale : se donner un destin singulier dans un monde en proie à la folie. Entreprise avant l'année 1914, cette correspondance regroupe des lettres écrites dans l'angoisse de la déflagration, les rumeurs et les éclats de la Première Guerre mondiale, puis dans les retombées d'un désastre, contre lequel tous deux s'étaient élevés. Ces lettres inédites apportent un témoignage exceptionnel sur un monde disparu et cette amitié fervente qui nous dit que l'autre n'est pas un ennemi, mais notre prochain, avec en filigrane l'idée prémonitoire d'une Europe unie, reposant sur la fraternité entre les hommes et les peuples.
Cette édition a été établie par Jean-Yves Brancy, docteur en histoire de l'Université de Toulouse-II. Les lettres de Stefan Zweig écrites en allemand ont été traduites par Siegrun Barat, diplômée des universités de Cologne et de Paris-III.
Un magnifique exemple de fraternité !
La lecture de cette correspondance fut au départ un peu laborieuse. Très fonctionnelle, au service des intérêts de chacun. Zweig en promouvant les textes de Rolland en Allemagne, lui permet d'approcher un futur prix Nobel de littérature et ainsi s'attirer ses bonnes grâces , lui permettant sans doute de s'introduire plus aisément dans ce cercle fermé des grands esprits qui comptent à l'époque. Mais quand la guerre arrive, que les divergences apparaissent, les propos deviennent soudain plus profonds et leurs envies de paix entre les peuples prend le dessus. S'épaulant l'un l'autre quand les difficultés surviennent, ils vont faire germer l'idée d'une Europe qui verra le jour que des décennies plus tard. Même si parfois ils échangent autour de personnes un peu inconnues de nos jours, d'événements oubliés ou d'articles de journaux (dont les notes en bas de pages nous résument habilement la teneur), rendant la lecture moins aisée, la qualité de leur écriture, leur indépendance d'esprit au milieu de la tourmente et leur côté visionnaire force le respect et attise l'intérêt. Purement sur le terrain du débat d'idées, très rarement dans l'intime, ces lettres sont étonnantes. Elles illustrent parfaitement ce que pouvait être une vie d'intellectuel à cette époque. Passionnés, se sentant au dessus de la mêlée mais certains que leurs idées rejailliront un tant soit peu sur le monde, ils tissent la trame d'une humanité meilleure.