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" Ça fait deux jours " est une expression burkinabé, une phrase que l'on prononce lorsqu'on retrouve quelqu'un après une longue absence. C'est une manière de montrer avec tact que la mémoire de cette personne est toujours présente, comme si deux jours s'étaient réellement écoulés. Ça fait deux jours est le récit d'une installation au Burkina Faso entre février et juin 2011, au moment où ce pays, l'un des plus pauvres de la planète, traverse de graves troubles sociaux et politiques.
Un enseignant-chercheur, Jean-Paul, quitte sa famille en France pour travailler dans une nouvelle université technologique africaine, un lieu moderne plein d'énergie et d'espoir, censé faire sauter tous les verrous du sous-développement. Plongé dans un monde inconnu dont il doit déchiffrer les codes sociaux, il observe et décrit son quotidien avec humour. Il s'adapte et progresse dans ce nouveau milieu jusqu'à ce qu'une suite d'événements lui fasse perdre tous ses repères.
Léger...mais surprenant et passionnant!
J'ai tout d'abord commencé à lire ce livre avec légèreté, rigolant des mésaventures et des interrogations de Jean-Paul, si propre à la vie expatriée. Le style du livre y est pour beaucoup : simple et efficace, on se laisse porter très facilement par la trame et on continue de siroter son jus de canne tranquillement sur son balcon ... Puis finalement viens un, puis des moments moins drôles, voire carrément dramatiques qui nous rappellent que l'Afrique, et notamment le Burkina Faso que je ne connaissait pas du tout, connait encore et toujours des situations dramatiques. J'adore ce genre de roman où l'on apprend, sur fond de fiction, de nombreux faits réels de la vie d'un pays, d'une culture. Le point de vue de Jean Paul, l'expatrié à la vie plutôt facile en apparence et se sait privilégié est tout à fait intéressant en ce sens, et original. J'ai été surpris par la tournure prise par moments par le roman : plus sérieuse, plus trash, plus réelle simplement. L'auteur montre là une grande maitrise de son sujet et de l'art de l'écriture et on sort un peu troublé et finalement assez marqué par son oeuvre. C'est une expérience intéressante. Premier essai réussi, chapeau Monsieur Gordon. J'aurais grand plaisir à lire de futurs opus.