-
Polémique
-
Terrifiant
-
Eblouissant
S'inspirant de faits réels, Piglia nous offre un roman noir magistral, un vrai documentaire, remarquable à cause de sa construction narrative, et de son travail sur le langage.
Après avoir fait de nombreuses recherches, il nous raconte l'histoire d'un braquage en suivant les événement dans un ordre chronologique, mais en variant le point de vue narratif : on est tantôt du côté des malfaiteurs ou des policiers, tantôt de simple témoins ou de journalistes, mais le plus souvent, le narrateur se place en observateur décrivant les événements en direct, ou avec le recul des années.
Ici
la violence est sans limites, dans un contexte politique étouffant, elle est au coeur de la psychologie des personnages, dans la pratique policière et la dictature de l'état.
Argent brûlé
Véritable chronique en diable d'un fait divers sanglant et épique.
Dans les années 60 à Buenos Aires on braque uns convoi de fonds. Des voyous chargés comme des mules Afghanes. Pas de loi pas de foi. On tire sur ce qui se met en travers de la route. Et si l'horizon est en enfer alors Bébé Brigione, Dorda et Le Corbeau iront crécher en enfer.
L'écriture de Ricardo Piglia, c'est comme lire la chronique judiciaire dans le canard local mais avec l'impression inouïe de se retrouver au coeur même de la chronique, un Alice au pays des faits divers.
C'est de l'écriture à balles réelles, avec vision de nuit et détecteur de mensonges.
Ça fourmille de détails, chaque protagoniste de l'histoire se voit tailler un costard sur mesure. Personne n'est oublié. La construction est telle qu'on se balade d'un personnage à l'autre sans même s'en rendre compte.
Chaque action tonitrue comme si elle se passait là ! face à nous.
Ça grésille ça grouille ça se fait la cavale à fond de train et c'est tout juste si on n'entend pas siffler les balles après qu'elles nous ont effleuré le visage.
Une reconstitution aux petits oignons qui nous plonge comme en caméra embarquée. Dantesque haletant fou et sanguinaire, politique, social et démesuré. Ça se passe dans les tripes parce que tous, les flics et les braqueurs, se livrent un combat de boxe sans merci.
Voilà, une master class d'écriture en immersion pour un sacré bon bouquin bien noir !
Argent brûlé, de Ricardo Piglia
Publié chez Zulma.
Traduction François-Michel Durazzo.