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C'était de l'eau salée, c'était certain, il y avait six montagnes, de cela aussi Myor était sûr, c'était un lac de mer, il ne savait pas comment il en était parti, il lui restait des images, il les avait notées pour ne pas les perdre, et un jour retrouver son chemin. II avait beaucoup marché, il n'était pas seul, il y avait une fillette avec lui, il était alors un tout jeune homme, il ne savait plus quand tout cela avait eu lieu, il avait les visions du lac, de sa terrasse en hauteur, de son père Getra, du maître de la lumière Lucirus, tout cela il l'avait gardé, mais il ne connaissait pas le chemin pour y retourner...
Lorsque Philippe rencontre Myor, il est intrigué par ce personnage singulier, mi-SDF, mi-sage, qui vit en ermite dans la forêt. Myor raconte qu'il vient d'un énigmatique territoire du lac, un lieu qui le hante, mais qu'il est incapable de situer sur une carte. A quarante-cinq ans, Philippe est à un tournant de sa vie, et n'a rien à perdre : touché par l'histoire de Myor, il lui propose de l'aider à retrouver ce pays rêvé de son enfance.
Voilà ce couple insolite parti pour une étrange odyssée...
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Après “Quitter Venise” Anne Révah nous offre une nouvelle plongée romanesque au coeur des thématiques qui traversent son oeuvre : le voyage initiatique, les déambulations dans des espaces inconnus, l’introspection comme mouvement intérieur vers une forme de liberté. Dans “Le pays dont je me souviens” Révah va approfondir et développer ces trois pistes narratives avec l’élégance et la précision qu’on lui connaissait déjà.
Philippe a quarante cinq ans et il est à un tournant de son existence. Il vient de quitter brutalement une épouse tyrannique et deux grands fils pour revenir dans la ville de province où il a longtemps vécu. Un jour il retrouve le vieux café de son lycée où il a laissé beaucoup de souvenirs. Là il rencontre Myor un SDF qui vit dans la forêt et qui passe des journée à noircir des dizaines de feuilles de notes. Il raconte qu’il vient d’ailleurs, d’un lieu qui semble avoir tous les contours du pays rêvé de l’enfance. Jusqu’alors Philippe vivait une vie que sa femme Claire organisait de bout en bout. « Elle avait tout prévu pour que Philippe soit heureux. Dans le vocabulaire de Claire être heureux signifiait posséder grâce à elle tout ce qui rendait la vie quotidienne facile, et réjouissante. » Les désirs de Philippe étaient systématiquement retraités par Claire, une vie de prisonnier entourée de bonnes intentions.
La rencontre entre Myor, dont on se demande rapidement si son cas ne relève pas de la psychiatrie, et Philippe, en rupture de ban, va finalement déboucher sur une odyssée inattendue et régénératrice. Les deux hommes vont partir ensemble sur les routes pour retrouver ce lac salé mal localisé dont parle Myor. Comme une envie de se mêler de la vie d’un homme dont le rêve paraissait si vivant et si proche. Le roman bascule alors du côté du road novel, la route, les rencontres, et finalement l’apprentissage d’une liberté qui donne une nouvelle saveur à l’existence de Philippe.
« Le pays dont je me souviens » est un roman sensible et profond qui réinterroge le sens que chacun donne à sa vie. Un beau voyage.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)