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Janvier 1936 : la récolte de la canne commence à Bel-Event, une plantation de Martinique. Le commandeur Firmin Léandor, contremaître mulâtre, s'est trop avancé en promettant de livrer sept cents barriques de canne à l'usine. Alors, le "commandeur du sucre" surveille sans indulgence le travail des coupeurs et des amarreuses. Labeur éreintant, enfer quotidien : "Depuis le commencement du monde, le Bondieu a inscrit notre malheur dans l'envers du bonheur du Blanc".
Békés, mulâtres, nègres-Congo, coulis. Depuis des générations, chacun obéit à la stricte hiérarchie de sa couleur et de son rang, courbé sous le poids d'une double fatalité : la négritude et la canne. Redouté par ses hommes, méprisé par le maître, jalousé par le "géreur" et par les autres commandeurs de l'île, Firmin lui-même ne peut que répéter l'antienne de sa mère : "Canne, c'est maudition". Il fallait, pour faire revivre les travaux et les jours de la Martinique agricole des années 1930, la passion, la mémoire et le français revigoré de Raphaël Confiant.