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"Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, ouvrir son dictionnaire et recopier des mots dont il se demande comment il parviendrait à les tordre sous sa langue pour construire des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier". Dans une France rurale oubliée, un gamin passionné par les mots grandit auprès d'une mère que la littérature effraie.
Elle veut faire de lui un homme. Alors très tôt, René devient forgeron puis champion de boxe, domptant l'enclume et le ring avec la même grâce. Mais jamais ne faiblit son amour des lettres. Quand son ami d'enfance, devenu abbé de la paroisse du quartier, lui offre le rôle principal de sa pièce de théâtre, René se lance dans le plus dur et le plus lumineux des combats, sous les yeux ébahis de son fils.
Aimer son père...
" Amour : trois voyelles et deux consonnes, ça ne pèse pas lourd pour les dégâts que ça fait. "
Au détour d'un chapitre, une phrase comme un coup dans notre cœur de lecteur. Le sujet de ce livre est celui de nos vies : aimons-nous? mais surtout : sommes-nous aimés?
Longtemps, Guy n'a pas aimé son père, ne l'a pas compris. Ce forgeron, homme à la dure, ayant quitté l'école à quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa mère, veuve. L'a haï. Rejeté comme, adolescent, on en veut à ses parents de n'être pas de meilleurs modèles : trop ploucs, pas assez cultivés, trop fiers, mal fiers peut-être, de leurs glorioles passées. Ici, un titre de champion de boxe et un rôle titre dans "La Passion de Notre Seigneur Jésus Christ" sur la scène paroissiale du quartier des Chaprais, Besançon.
C'est donc une déclaration, bricolée par un fils, devenu adulte, père et grand père, avec des mots, si délicats et si profonds : ceux que son papa, lui, n'avait pas.