Terre! Terre en vue !
Toby et Tom sont en mer depuis des mois, enfin la terre est à portée! Les matelots comptent bien profiter de ce paradis pour regagner leur liberté et vivre l’aventure dont ils rêvaient. Cependant, cet archipel des Marquises idyllique ne se révèle pas être l’Eden idéalisé, il est peuplé entre autres par les Taïpis un peuple cannibale. Les deux jeunes hommes s’enfuient sur l’île et réalisent leur rêve. Bien sûr l’aventure et les rencontres sont au bout du chemin ou plutôt au pied de la cascade.
Les deux protagonistes seront livrés à la nature
tantôt émerveillante voire miraculeuse tantôt hostile et inquiétante.
Une place prépondérante est laissée à la couleur, le traitement aux accents noirs permet de retranscrire les différents aspects de cette nature à la fois généreuse et bienveillante et donc dans des tons plus clairs, pastels et éclatants mais aussi menaçante et inhospitalière, dans ces planches-là, les tons sont gris, kakis et peu lumineux. Benjamin Bachelier semble s’être inspiré du fauvisme pour nous faire découvrir cette île qui semble parée de magie tant la palette est variée.
Dans cet album, les auteurs se sont fait les chantres de la découverte de soi et de l’autre mais surtout de la liberté. Les deux héros ont un goût pour la nouveauté et la surprise. Ils souhaitaient s’affranchir du monde moderne et de ses carcans. Ce qu’ils vont trouver chez les Taïpis c’est un tout autre rapport, à l’autre, au savoir et à la propriété. Cela va cependant les dérouter beaucoup plus qu’ils ne l’imaginaient. Chacun méditera sur son passé et sa vie d’avant par le biais de rêves ou flash-backs.
Les Taïpis vont constituer une sorte de miroir dans lequel on décèlera leur peur de l’autre, leurs croyances et leurs angoisses. La quête et la réalisation de soi sont au coeur de l’album, mais surtout c’est la place indispensable d’un regard étranger et neuf pour questionner la société, la domination et la ‘civilisation’ qui est mis en scène. D’ailleurs les auteurs nous laissent en guise de postface cette citation de Montaigne tirée des Essais « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. »
Le scénariste n’est nul autre que Stephane Melchior, c’est une adaptation d’un roman autobiographique d’Herman Melville qui revient sur un épisode de sa jeunesse. Ce récit est à la fois initiatique mais aussi un roman d’apprentissage. Toby et Tom vont chacun réagir très différemment au contact des Taïpis, pour l’un ce sera une expérience aliénante pour l’autre cela constituera un réel renversement de valeur dans son rapport à la différence et à l’étranger.
Ce qui transporte le lecteur tout au long de l’album c’est la beauté, celle de la nature dans tous ses états. On suit les personnages à travers les forêts, du haut d’un rocher, parmi les oiseaux ou encore nageant dans les rivières. Les planches sont exploitées dans toute leur verticalité pour évoquer l’immensité de la nature et sa magnificence.
Le duo Melchior/ Bachelier signe une oeuvre somptueuse qui invite au voyage, non pas une vulgaire quête d’exotisme mais bel et bien un voyage intérieur et formateur celui en quête de l’autre et de la différence.
MARIE SATOUR (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Terre! Terre en vue !
Toby et Tom sont en mer depuis des mois, enfin la terre est à portée! Les matelots comptent bien profiter de ce paradis pour regagner leur liberté et vivre l’aventure dont ils rêvaient. Cependant, cet archipel des Marquises idyllique ne se révèle pas être l’Eden idéalisé, il est peuplé entre autres par les Taïpis un peuple cannibale. Les deux jeunes hommes s’enfuient sur l’île et réalisent leur rêve. Bien sûr l’aventure et les rencontres sont au bout du chemin ou plutôt au pied de la cascade.
Les deux protagonistes seront livrés à la nature tantôt émerveillante voire miraculeuse tantôt hostile et inquiétante.
Une place prépondérante est laissée à la couleur, le traitement aux accents noirs permet de retranscrire les différents aspects de cette nature à la fois généreuse et bienveillante et donc dans des tons plus clairs, pastels et éclatants mais aussi menaçante et inhospitalière, dans ces planches-là, les tons sont gris, kakis et peu lumineux. Benjamin Bachelier semble s’être inspiré du fauvisme pour nous faire découvrir cette île qui semble parée de magie tant la palette est variée.
Dans cet album, les auteurs se sont fait les chantres de la découverte de soi et de l’autre mais surtout de la liberté. Les deux héros ont un goût pour la nouveauté et la surprise. Ils souhaitaient s’affranchir du monde moderne et de ses carcans. Ce qu’ils vont trouver chez les Taïpis c’est un tout autre rapport, à l’autre, au savoir et à la propriété. Cela va cependant les dérouter beaucoup plus qu’ils ne l’imaginaient. Chacun méditera sur son passé et sa vie d’avant par le biais de rêves ou flash-backs.
Les Taïpis vont constituer une sorte de miroir dans lequel on décèlera leur peur de l’autre, leurs croyances et leurs angoisses. La quête et la réalisation de soi sont au coeur de l’album, mais surtout c’est la place indispensable d’un regard étranger et neuf pour questionner la société, la domination et la ‘civilisation’ qui est mis en scène. D’ailleurs les auteurs nous laissent en guise de postface cette citation de Montaigne tirée des Essais « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. »
Le scénariste n’est nul autre que Stephane Melchior, c’est une adaptation d’un roman autobiographique d’Herman Melville qui revient sur un épisode de sa jeunesse. Ce récit est à la fois initiatique mais aussi un roman d’apprentissage. Toby et Tom vont chacun réagir très différemment au contact des Taïpis, pour l’un ce sera une expérience aliénante pour l’autre cela constituera un réel renversement de valeur dans son rapport à la différence et à l’étranger.
Ce qui transporte le lecteur tout au long de l’album c’est la beauté, celle de la nature dans tous ses états. On suit les personnages à travers les forêts, du haut d’un rocher, parmi les oiseaux ou encore nageant dans les rivières. Les planches sont exploitées dans toute leur verticalité pour évoquer l’immensité de la nature et sa magnificence.
Le duo Melchior/ Bachelier signe une oeuvre somptueuse qui invite au voyage, non pas une vulgaire quête d’exotisme mais bel et bien un voyage intérieur et formateur celui en quête de l’autre et de la différence.
MARIE SATOUR (CULTURE-CHRONIQUE.COM)