Marguerite Abouet naît en 1971 à Abidjan. Elle grandit en famille dans le quartier populaire de Yopougon jusqu'à l'âge de douze ans. Puis, ses parents l'envoient avec son grand frère à Paris, où les héberge leur grand-oncle. Elle y découvre avec émerveillement les bibliothèques et se passionne pour les livres. Elle écrit bientôt des romans qu'elle ne fait lire à personne, tout en devenant tour à tour punk, supernounou pour triplés, pour mamies et papis, serveuse, opératrice de saisie...
Après une carrière d'assistante juridique, elle décide de se consacrer uniquement à l'écriture et crée, avec la complicité de Clément Oubrerie, le personnage d'Aya. Elle raconte avec une voix et un humour inédits une Afrique loin des clichés, de la guerre et de la famine. En 2006, "Aya de Yopougon" est célébré par le prix du Premier album au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême.
Marguerite Abouet vit aujourd'hui à Noisy-le-Sec, près de Paris. Elle écrit de nombreuses histoires pour l'édition, la télévision et le cinéma. Elle travaille aussi beaucoup pour l'association qu'elle a fondée - Des livres pour tous -, dans le but de rendre le livre plus accessible aux enfants d'Afrique en y créant des maisons de quartier-bibliothèques. Clément Oubrerie naît en région parisienne en 1966.
Après le bac, il entame des études d'arts graphiques à l'école Penninghen, qu'il interrompt quatre ans plus tard pour partir aux Etats-Unis. Il y passe deux années, exerce toutes sortes de métiers et y voit ses travaux publiés pour la première fois. De retour en France, il illustre des ouvrages pour la jeunesse - une quarantaine à ce jour -, s'ouvre avec succès aux techniques numériques de l'animation et crée notamment l'univers graphique des Moot-Moot, la série télévisée d'Eric et Ramzy.
Pour "Aya de Yopougon", il donne vie avec esprit et authenticité au récit de Marguerite Abouet, et montre avec brio que son talent s'exerce aussi en bande dessinée. Il y prend goût et signe en 2008 une adaptation savoureuse et singulière de "Zazie dans le métro", le roman de Raymond Queneau. Clément Oubrerie est également cofondateur d'Autochenille Production, qui a adapté pour le cinéma "Le Chat du Rabbin" de Joann Sfar, et "Aya de Yopougon", dont la sortie en salles est prévue pour début 2013.
Le monde en couleurs
Quand on m'a proposé ce partenariat, je n'ai pas hésité. Pourtant, je n'ai pas été attirée par le graphisme et je ne connaissais pas l'histoire. Je me suis basée uniquement sur les nombreuses critiques positives que j'ai vu un peu partout de pas mal de temps maintenant.
Disons le tout de suite, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai mis tant de temps à me laisser tenter, je n'aime pas le dessin. Mais on peut reconnaitre à Clément Oubrerie le talent d'avoir un graphisme coloré adapté à l'ambiance vivante que nous conte Marguerite Abouet. Je ne suis pas non plus emballée plus que ça par les personnages qui semblent tous atteints du même mal, la futilité, à l’exception d’Aya, qui fait du coup un peu figure d’extraterrestre. Leur parler typique m’a gênée pour comprendre l'histoire. Il faut un temps d'adaptation qui est forcément frustrant pour un premier tome avec aussi peu de pages. Mais en même temps, encore une fois, je suis consciente que cela participe à l’ambiance que j'ai appréciée.
Car oui, ce que j'ai aimé, c'est cette ambiance colorée, vivante, rythmée, tantôt joyeuse tantôt grave. Les filles ont leur caractère, ce sont elles souvent qui mènent la danse. Les hommes sont eux dépeints de façon peu flatteuse. Marguerite Abouet ne refuse pas d'aborder les défauts qui minent son pays. Elle le fait avec légèreté et finesse. Comme beaucoup, j'ai également beaucoup aimé le bonus en fin d'ouvrage, qui fournit un petit lexique bien pratique et recettes et explications sur les traditions africaines.
Après, est-ce parce qu'il ne s'agit ici que du premier tome, mais j'ai trouvé que l'histoire papillonnait d'un personnage féminin à l'autre, de Bintou à Adjoua et Aya, on ne sait plus qui est le personnage central, quel est celui qui nous guide ou que l'on suit. J'ai pour l'instant plus eu l'impression qu'on me posait un décor pour les prochains tomes.
Je ne sais pas si cela suffira à me donner envie de découvrir la suite. Bien que j'ai souvent lu qu'elle était bien meilleure. Je pense que je me laisserai porter par le destin et je verrai si elle me tombe dans les mains.
http://nourrituresentoutgenre.blogspot.fr/2014/02/aya-de-yopougon-tome-1-marguerite.html