Un homme originaire de Kobe, Matabei, se réfugie dans une pension de famille de la région d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu. Il ne sait plus trop où il en est, après avoir percuté une jeune fille à la sortie d’un passage souterrain à Kobe, et causé sa mort. La tranquillité du lieu, l’observation des autres habitants, réguliers ou occasionnels, le distrait un peu de sa neurasthénie, ainsi que les promenades dans le jardin entretenu par un vieil homme. Ce jardinier auquel il s’intéresse avec révérence est aussi peintre d’éventails.
Après un début avec des narrateurs
successifs et « emboîtés », l’histoire est surtout raconté du point de vue de Matabei, dans une langue poétique, où la métaphore coule tranquillement, avec de splendides paysages qui se dessinent au gré de la narration. Je me suis surprise deux ou trois fois à admirer la traduction, tellement ce roman sonne japonais… C’est très maîtrisé, un soupçon trop à mon goût, et je crois que je préfère lire le même genre de roman écrit par un auteur japonais, j’ai pensé à Akira Yoshimura et son Convoi de l’eau, par exemple.
Ceci dit, ce roman restera sur mes étagères pour une relecture future, il est de ceux qui se savourent à petites doses, au rythme de la poésie. Les haïkus qui le parsèment sont à eux seuls des petits bijoux… J’ai beaucoup aimé aussi le thème de la transmission, du passage de relais, le parallèle entre jardinage et peinture, l’évolution de Matabei, et surtout celle du jeune Hi-Han, et aussi la rupture d’atmosphère aux deux-tiers du livre, avec une intensité qui va croissant jusqu’à la fin. C’est donc une belle lecture, mais pas le coup de cœur attendu.
Mélancolie infinie
Tout commence paisiblement, dans l'île de Honshu au Japon dans un merveilleux jardin Japonais où Matabei s'est réfugié pour échapper à la fureur du monde. Il vit dans une auberge tenue par Dame Hison qui accueille différents personnages très différents mais qui se retrouvent réunis dans cet endroit extraordinaire. Les descriptions de l'auteur sont d'une telle beauté que l'on chemine avec les personnages dans cet endroit hors du temps comme si l'on y était. Malgré les drames , les passions, tout nous ramène à ce jardin et à sa poésie. Puis tout à coup... tout bascule. C'est époustouflant, plein de sensations contradictoires, triste mais l'espoir renaît... toujours. A lire aussi son recueil de Haikus parus aux éditions Zulma.