Récit à la fois sobre pour le ton, et d’une précision d’horloger dans le vocabulaire, et la description des lieux et des ressentis, Fukushima, représente un témoignage précieux du séisme qui secoua le Japon en mars 2011 et de ses terribles conséquence de la part d’un homme qui d’une part à vécu les évènements sur le terrain et d’autre part a une parfaite connaissance du pays et de sa culture puisqu’il y vit et travaille depuis une vingtaine d’année. Ainsi, tout en évoquant le côté technique ou scientifique des, Michaël Ferrier n’en oublie pas pour autant d’instiller
à son récit la poésie, et la mythologie, pour lui donner une fluidité, et une hauteur de vue particulièrement intéressante.
L’ouvrage commence par une vision plus technique de ce que représentent les séismes pour la population japonaise : un phénomène, hélas, bien connu, pour lequel elle est entrainée, et dont les pouvoir publics ont tirés les leçons du passé … Hélas, pas toutes !!Les autorités avaient tout prévu, sauf…l’imprévisible.
La seconde partie décrit le voyage jusqu’aux lieux du drame, puisque l’auteur et sa compagne n’ont pas souhaité s’enfuir, mais au contraire aller sur le terrain, et rendre compte lui-même de la catastrophe tant sur le plan humain, écologique, sanitaire, logistique, que technologique. Il y a beaucoup de dignité dans ce récit, à l’image de celle des japonais en de telles circonstances.
De retour à Tokyo, Michaël Ferrier, se livre à un plaidoyer anti-nucléaire débarrassé de toutes passions, ou revendications outrancières qui ne mènent à rien ou presque. Avec recul, et cohérence, l’auteur montre la manière dont a été traité la catastrophe, la manipulation des chiffres, des normes, les silences, et surtout sur l’acceptation progressive des choses, et sur le fait de s’habituer à vivre avec, et surtout à vivre autrement.
Un récit qui ne laisse pas indifférent, en apprend beaucoup, et très bien conduit tant sur le plan littéraire, que dans sa construction.
Fukushima
Nous sommes à Tokyo, quelques heures avant le séisme qui a ravagé le Japon le 11 mars 2011. Mickaël Ferrier se trouve dans la capitale japonaise lors de la catastrophe. Il décrit avec exactitude et précisions le phénomène et les conséquences qui en a découlé. Le livre est divisé en trois parties. Du séisme jusqu'à la prise de conscience de la dangerosité de la situation, en passant par le tsunami et la catastrophe nucléaire, l’auteur décrit tout, recueille les témoignages et tente de comprendre comment tout cela a pu arriver.
Je commencerais par dire, pour plagier Magrit, que ceci n’est pas un roman. Mais ce n’est pas un documentaire non plus. Les émotions décrites par l’auteur rendent l’ouvrage vivant. On le suit durant son périple, à travers le Japon pour récolter les parcelles de vie qui subsistent encore après le désastre. Il commence par décrire les sensations qu’il a éprouvé durant le tremblement de terre. Puis il demande aux habitants, aux chercheurs de partager leur vision des choses. Ensuite, il enquête sur le tsunami, part dans les refuges, amène des vivres et des médicaments. Il va même jusque sur la zone contaminée par les réacteurs nucléaires. Il la traverse puis repart à Tokyo où il tente de nous expliquer avec quelle sorte de demi-vie le Japon commence à s’organiser.
C’est un livre très complet et indispensable pour ceux ou celles qui veulent en connaitre plus sur la catastrophe. Loin des discours médiatiques et gouvernementaux, Mickaël Ferrier nous livre le Japon des victimes, celui des hommes et des femmes qui n’ont pas pu sauver leur maisons ou qui ont vu disparaitre leur famille. Ceux qui s’inquiètent de ne plus pouvoir vivre de leurs ressources ou encore le Japon des fatalistes qui attendent en silence la prochaine catastrophe.
Le roman est un poème en prose. Un poème du désastre. Le séisme est comparé à un orchestre, le tsunami à un dieu aquatique et le nucléaire à une volonté qui dépasse les hommes.
Pour conclure, je vous donne un extrait qui m’a beaucoup marquée.