Check-point est le dernier roman de Jean-Christophe Rufin.
Ayant particulièrement apprécié ces deux derniers ouvrages, certes très différents mais admirablement écrits, je ne pouvais que faire l'acquisition du petit dernier que j'ai laissé mariner quelques temps dans ma PAL pour être sûr de l'apprécier. C'est toujours un tel plaisir de retrouver et de lire du Rufin!
Une fois n'est pas coutume, commençons par la conclusion: quel bonheur cet ouvrage!
L'écriture est toujours aussi fine, précise, percutante quand il le faut ou démonstrative à souhait pour nous permettre de saisir,
imaginer le moindre détail de cette montagne dangereuse par exemple ou ce paysage de guerre.
Quel bonheur de lire les descriptions de Jean Christophe Rufin. Cet auteur a vraiment un don dans ce domaine pour permettre au lecteur d'intégrer l'intrigue et de se retrouver au milieu des protagonistes. Aussi doux et poétique que percutant et violent... mais toujours très agréable à lire.
Et puis, la classe de l'auteur avec l'utilisateur parcimonieuse du subjonctif passé.
Cette belle écriture est surtout juste. Diplomate, médecin et ancien humanitaire, Rufin était certainement le mieux placé pour nous faire réfléchir sur l'humanitaire et nous conter les changements de ce dernier durant les derniers conflits.
On est d'accord ou pas avec l'auteur (chacun se fera son opinion) mais ce que je peux affirmer c'est que la démonstration de Rufin est magistrale.
Surtout avec cette postface, sorte d'éditorial conclusif du livre. Rufin nous y explique pourquoi il a choisi un titre anglais, pourquoi il a choisi le conflit bosniaque de 1995 et pas un conflit "plus moderne", etc...
Il nous avoue surtout que cette histoire est une anecdote de sa "vraie vie d'humanitaire".
Cette postface de quelques pages est une excellente idée et excellente conclusion du livre!
Dans le même registre, la préface, extrait de la fin du dernier chapitre de la 3ème partie, nous met directement dans le bain!
L'intrigue? Elle est effectivement assez classique et on voit arriver rapidement certains faits. Mais c'est du Rufin, c'est bien amené et on n'a pas l'impression de lire des clichés. (A l'exception peut etre de cette histoire d'amour assez improbable).
Ce huis clos à l'intérieur des deux camions des "5 humanitaires" se lit d'une seule traite ou presque. Chacun a un caractère différent, on s'attache ou on exècre. Petit coup de coeur pour la naiveté du départ et l'évolution de Maud. A travers elle, je trouve que Rufin parvient parfaitement à son but: nous montrer ce qu'est l'humanitaire aujourd'hui.
C'est toujours un peu bouleversé et triste que je referme un roman de Jean Christophe Rufin. Celui-ci ne déroge pas à la règle.
Vivement le prochain!
5/5
Un voyage initiatique sur les routes de Bosnie
C'est l'histoire d'un convoi de deux camions dans une Bosnie boueuse et ravagée par la guerre. A bord, cinq personnages, quatre hommes et une femme, qui voyagent dans un espace confiné et transportent l'aide humanitaire vers une ville perdue dans les montagnes.
Partis pour soulager la misère sans choisir de camp, la brutalité de la guerre les presse de prendre parti, quitte à s'entre-déchirer. Maud, l'héroïne, avait pourtant érigé la neutralité en style de vie: rester à distance, ne pas tomber amoureuse, ne pas rentrer dans un moule ... elle va devoir voyager au bout de ses convictions.