En cours de chargement...
Comment sortir de la peur de mourir sans tuer ? Voilà l'affaire
humaine ! [...] Dieu mort, nous ne pouvons plus mourir de la
même façon. Son amour, sa consolation, sa protection, son
éternité ne nous soutiennent plus, ne nous sauvent plus. [...].
Comment énoncer la mort de Dieu sans s'entendre murmurer
qu'il est encore en vie ? Comment vivre cette solitude mortelle
dans la chambre close de l'univers sans se ménager une porte
dérobée? Comment vivre cette solitude humaine sans Dieu,
l'accepter vraiment, y reconnaître enfin notre condition sans
faire appel à de nouveaux "dieux", de nouveaux doubles, de
nouvelles étreintes d'éternité ? [...] N'y a-t-il pas une joie
humaine, si humaine, à être à plusieurs, à se rencontrer, à
échanger, à être en relation, à converser ? N'est-ce pas cette
joie qui me fait oublier ma mort et me dit que la vie vaut la
peine d'être vécue ? Oui, c'est ce que je sens, je pense, mais
soudain ce sentiment, cette pensée s'effondrent.
Que répondre
à la question de Franz Kafka, à la modeste question, si
humaine question qu'il nota dans son journal le 19 octobre
1917: "Est-il possible de penser quelque chose d'inconsolable?
Ou plutôt quelque chose d'inconsolable sans l'ombre d'une
consolation ?". Je ne veux pas ressusciter un Dieu mort ni le
recycler en un "Dieu absent", mais descendre en moi-même
pour entendre la modeste question de Kafka.