Biographie de Jean-Pierre Abraham
Ecrivain français, Jean-Pierre Abraham (1936-2003) est auteur de différents récits autobiographiques, de poésies en prose et d'histoires pour enfants. Singulier parcours que celui d'Abraham, depuis qu'il a publié à vingt ans, en 1956, son premier récit, Le Vent, sous la houlette de Jean Cayrol au Seuil. À l'époque, Claude Mauriac avait fait preuve d'un beau discernement en le signalant, dans, le Figaro, comme " inventeur, peut-être, d'un genre nouveau, Grand Meaulnes qui esquisse des Vermeer ".
Puis, dix ans de silence : l'homme s'est fait gardien de phare, au large de l'île de Sein, ce qu'il évoque dans Armen, devenu au fil des années une sorte de discret livre-culte que l'on se repasse entre amis. Nouvelle et longue éclipse avant que ne paraisse Le Guet, où l'on apprend que l'auteur vient de vivre plusieurs années dans un village des collines de Haute Provence. Mais est déjà rentré en Bretagne, est devenu gardien des îles Glénan rédacteur du Cours de navigation de la célèbre école de voile, puis " rédacteur scientifique " pour le Service hydrographique de la Marine, avant de venir vivre à Douarnenez, où jadis il croisa Perros.
ARMEN
Années soixante, à 25 ans alors que rien ne l'y destinait, Jean pierre Abraham devient gardien de phare sur l’île de Sein, le phare d'Armen, un sacré bout de pierre qui en impose, dressé à la sueur du temps, des hommes et des saisons, au beau milieu des bras de « la dévorante ».
C'est une cartographie sensible d'un métier disparu, un texte brassé des écumes du lointain et de celles qui font tanguer les brumes intérieures.
S'ils sont bien deux sur cet ilot de solitudes, rongé de nuits humides et d'inquiétudes, jean pierre Abraham s'y dévoile seul ou quasi, entre deux quarts, entre les lignes d'un carnet noirci d'incertitudes et de ressentis.
Armen est un texte extrêmement singulier, d'une âpreté vibrante, sculpté à l'os des sentiments. Un récit d'ambiances, d'une simplicité magnifique de dénuement, gorgé d'embruns entêtants, de gestes, d'ombres et de vides qui vous parcourent, où chaque mots brûlent d'une urgence viscérale.
C'est un corps à corps avec soi même, croqué dans les creux ventés de l'existence qui paradoxalement illumine le récit de ses pulsions de vie.