En cours de chargement...
A l'ouest de l'île de Sein, en mer d'Iroise, "une chandelle sort de l'eau" ; c'est Ar-Men, que les gardiens de phare surnomment "l'enfer des enfers". Jean-Pierre Abraham en devient le gardien en 1961, après avoir été formé deux années à ce métier. Il a 25 ans. On est très actif dans un phare, mais il reste des moments pour le vide, les rêveries et la peur. Abraham tient avec trois livres, qu'il emporte avec lui à chaque relève : un album de Vermeer, un autre sur un monastère sistercien, un recueil de poèmes de Pierre Reverdy.
"Pourquoi êtes vous ici ?", lui demandera un journaliste (il accède à la notoriété médiatique quand "Les coulisses de l'exploit" consacrent un reportage au phare). "Je ne sais pas, répondra Abraham, il me semble que j'avais l'impression que la vie se passait sans moi et à mon insu si bien que j'ai décidé un beau jour, enfin, de changer. J'ai vu Ar-Men, je suis passé par là en bateau, et puis tout d'un coup j'ai décidé de venir là.
J'avais trouvé vraiment mon lieu, je crois que c'est ce qu'il faut chercher, trouver le lieu où l'on puisse devenir soi-même, s'épanouir, être à sa place, bien dans sa peau". Un livre culte, le Grand Livre des Phares : "unique", "incontournable", "chef-d'oeuvre".
ARMEN
Années soixante, à 25 ans alors que rien ne l'y destinait, Jean pierre Abraham devient gardien de phare sur l’île de Sein, le phare d'Armen, un sacré bout de pierre qui en impose, dressé à la sueur du temps, des hommes et des saisons, au beau milieu des bras de « la dévorante ».
C'est une cartographie sensible d'un métier disparu, un texte brassé des écumes du lointain et de celles qui font tanguer les brumes intérieures.
S'ils sont bien deux sur cet ilot de solitudes, rongé de nuits humides et d'inquiétudes, jean pierre Abraham s'y dévoile seul ou quasi, entre deux quarts, entre les lignes d'un carnet noirci d'incertitudes et de ressentis.
Armen est un texte extrêmement singulier, d'une âpreté vibrante, sculpté à l'os des sentiments. Un récit d'ambiances, d'une simplicité magnifique de dénuement, gorgé d'embruns entêtants, de gestes, d'ombres et de vides qui vous parcourent, où chaque mots brûlent d'une urgence viscérale.
C'est un corps à corps avec soi même, croqué dans les creux ventés de l'existence qui paradoxalement illumine le récit de ses pulsions de vie.