J’ai horreur du vendredi. Filet de cabillaud et pommes de terre bouillies. Le fils du concierge est allé m’acheter deux cents grammes de cervelas. En catimini. Je festoie dans ma chambre. Dehors, il fait gris. La lumière est triste.
Je n’ai jamais tenu de journal. Avant. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
Ce cabillaud reviendra souvent comme un leitmotiv de son mal-être.
Otto J. Steiner, critique musical, malade, "autrichien de confession phtisique" est dans un sanatorium sur es hauteurs de Salzbourg, la ville de Mozart. De juillet 1939 à août 1940, il va tenir son
journal. Bien sûr, il y est question de la guerre, de l’annexion de l’Autriche par le régime nazi, d’Hitler, de ses « collègues d’infortune » mais il y a plus.
Il raconte ses sorties ; Une représentation du Bourgeois Gentilhomme qu’il compare à Hitler « ce rustre qui se dandine avec des mimiques de grand seigneur, ce Monsieur Jourdain, imbu de lui-même, qui vocifère bien haut pour se donner des aires de tribun, n’est-ce pas un peu Hitler ? »
La musique seule trouve grâce à ses yeux, surtout Mozart et Hans « On a discuté de Karajan, de sa carrière fulgurante, de ses concerts à Berlin. Je suis un peu jaloux. Alors j’ai dit à Hans que Karajan donnait trop dans la grosse cavalerie, qu’il gaspillait son talent pour plaire aux masses. Ça n’a pas plu à Hans, je ne sais pas s’il reviendra de sitôt. Il fallait bien que je dise quelque chose, pour avoir l’aire d’être au courant. Pour remplir. »
La guerre gronde tout autour, sa juiveté l’effraie « les juifs ont été déplacés. Et les gitans. Ils contribuent à l’effort de guerre. » Un de ses voisins de chambrée a été dénoncé.
Son ami Hans lui fera un ultime cadeau ne l’associant au le fameux Festspiele. Alors là, il va se déchaîner, se démener parce que « Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi. N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ? » un audacieux pied de nez se prépare !!!!
Ce court roman est un bijou de ciselure, de mordant, d’humour décalé et d’amour.
Mimi et Kathel, par leurs chroniques, m’avaient donné envie de le lire, il était dans les rayons de la bibliothèque et le livre passa dans mes mains. J’aime ces petits livres denses, ironiques, sarcastiques, avec de petits arrangements, mais si plein d’un amour que l’on n’ose dévoiler.
Subtil et inventif
Alors là bravo! Bravo pour ce roman qui mêle la grande et la petite histoire dans la ville de Salzbourg alors que la Seconde Guerre mondiale est déclarée. Pour lire la suite... http://lekawalitt.wordpress.com/2014/01/31/sauver-mozart-de-raphael-jerusalmy/